Amid Faljaoui
Taxe sur les plus-values : Quand l’État taxe l’audace et freine la croissance !
Vous aimez investir ? Vous croyez en l’économie réelle ? Mauvaise idée en Belgique !
Avec sa nouvelle taxe de 10 % sur les plus-values, le gouvernement envoie un message clair : si vous osez prendre des risques et réussir, préparez-vous à passer à la caisse.
Un coup de massue fiscal
Déjà que l’épargne belge était matraquée avec un précompte mobilier à 30 %, une taxe sur les comptes-titres et un impôt des sociétés à 25 %, voilà qu’on ajoute une couche supplémentaire. Et pas n’importe laquelle : une taxe directement ciblée sur ceux qui prennent des risques, qui financent les entreprises et qui font avancer l’économie.
Roland Gillet, professeur d’économie à la Sorbonne et à l’ULB, le dit sans détour à mes confrères du quotidien économique L’Echo : c’est une erreur majeure. Cette mesure va décourager les investisseurs, raréfier le capital à risque et, au final, ralentir la croissance.
Et pourtant, c’est ce capital à risque qui permet aux entreprises d’innover, de se développer et d’embaucher. Mais bon, visiblement, il vaut mieux laisser dormir son argent sur un livret d’épargne qui ne rapporte rien.
Un effet d’éviction XXL
Ce n’est pas la première fois qu’une mesure fiscale détourne l’épargne de l’investissement productif. On l’a déjà vu avec les bons d’État qui ont vidé les comptes d’épargne au profit de placements ultra-sécurisés. 22 milliards d’euros ont quitté les comptes d’épargne pour un produit sécurisé qui certes avait une fiscalité avantageuse mais qui n’aidait en rien nos entreprises à trouver du financement !
Avec cette taxe sur les plus-values, on va encore plus loin : les investisseurs vont réfléchir à deux fois avant de financer des entreprises. Résultat ? Moins d’argent pour l’innovation, plus de difficultés pour les PME, et un impact direct sur l’emploi.
Et le plus absurde, c’est que ce manque d’investissement privé finira par coûter cher… à l’État lui-même. Moins d’investissement, c’est moins de croissance, moins de bénéfices, et donc moins d’impôts collectés. Bravo la stratégie !
Seul maigre lot de consolation : les pertes ou moins-values pourront être déduites. Mais là encore, c’est à l’investisseur de se débrouiller avec un cadre administratif flou et qui promet d’être un casse-tête. Je vois d’ici les discussions sans fin avec le contrôleur des impôts.
La porte ouverte à une taxation encore plus lourde
Mais ce n’est pas tout : aujourd’hui, on nous vend cette taxe comme une contribution « raisonnable » à 10 %. Mais qui peut garantir qu’elle ne grimpera pas à 15 ou 20 % dans quelques années ? Une fois qu’un impôt est en place, il ne disparaît jamais. C’est une loi mathématique que tous les contribuables du monde entier connaissent bien.
Le professeur Roland Gillet compare cette mesure à un « effet Cooreman-De Clercq inversé ». Dans les années 80, la Belgique avait favorisé l’investissement en actions pour relancer son économie. Aujourd’hui, on fait tout l’inverse : on punit ceux qui prennent des risques et on les pousse à investir ailleurs.
Une alternative évidente, mais politiquement taboue
Critiquer c’est bien, proposer c’est mieux. Roland Gillet propose une solution bien plus intelligente selon lui : augmenter légèrement la TVA sur les produits de luxe.
Un petit pourcent de plus sur les montres, sacs et voitures hors de prix, et l’État récupérerait des millions sans pénaliser l’investissement. Mieux encore, certains acteurs du luxe étaient prêts à assumer cette hausse et à l’intégrer dans leur stratégie marketing.
Mais non, en Belgique, toucher à la TVA, même sur des produits de grand standing, c’est un tabou absolu. Alors on préfère taxer la classe moyenne qui investit prudemment pour préparer son avenir. Au final, en Belgique, on préfère taxer les audacieux. Moins visible, plus sournois… mais tout aussi destructeur.
Un coup de frein à la croissance
Au final, cette taxe sur les plus-values est un pari risqué… et probablement perdant. Certes, elle rapportera peut-être quelques millions à court terme, mais elle découragera les investisseurs, freinera la croissance et, à terme, coûtera plus qu’elle ne rapporte.
Le plus ironique ? Cette taxe est instaurée par un gouvernement qui se veut pro-business. Mais au lieu de récompenser les entrepreneurs et les investisseurs, il les assomme encore un peu plus.
Et si, pour une fois, on cessait de taxer l’audace et qu’on encourageait l’investissement au lieu de le pénaliser ?
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