Amid Faljaoui

Sortie de route non contrôlée pour Carlos Tavares, le CEO de Stellantis

Diriger un groupe automobile n’est pas une garantie contre les erreurs, et c’est sûrement ce que se dit Carlos Tavares, patron de Stellantis, en ce moment.

Stellantis, c’est aujourd’hui un géant de l’automobile avec 14 marques sous sa houlette, dont Peugeot, Citroën, Jeep et Fiat. Avec un chiffre d’affaires impressionnant de 189 milliards d’euros, cette entreprise est l’une des plus influentes du secteur.

Jusqu’à récemment, Carlos Tavares était vu comme une sorte de Superman de l’industrie. Il a sauvé Peugeot de la faillite et orchestré l’une des plus grandes fusions dans l’histoire du secteur automobile. Sous sa direction, Stellantis a affiché, ces trois dernières années, des marges bénéficiaires comparables à celles des marques de luxe, bien que la plupart des marques du groupe se positionnent plutôt sur le marché milieu de gamme.

Rémunération exceptionnelle pour des performances exceptionnelles

Cette réussite a conduit le conseil d’administration à considérer que Carlos Tavares méritait une rémunération exceptionnelle. Au début de l’année 2024, les actionnaires de Stellantis ont dû se prononcer sur son package salarial, qui s’élevait à 36 millions d’euros, comprenant un salaire fixe et divers bonus. Cette somme a suscité de vifs débats, notamment dans les médias. Mais finalement, le principe “à performances exceptionnelles, rémunération exceptionnelle” l’a emporté, et le package a été approuvé.

Stellantis en difficulté : la Bourse sanctionne

Cependant, malgré des profits toujours présents, Stellantis fait face à une chute de son cours de Bourse. En seulement 18 mois, les gains précédents ont été effacés, et l’entreprise brûle plus de cash qu’elle n’en génère. C’est ce que l’on pourrait appeler une “sortie de route”, durement sanctionnée par les analystes financiers, qui n’apprécient pas les mauvaises surprises.

Il est vrai que d’autres grandes marques automobiles, notamment allemandes, souffrent également à cause du ralentissement du marché chinois. Cependant, cet argument ne s’applique pas à Stellantis, qui est absent du marché chinois mais fortement présent aux États-Unis. Or, c’est précisément sur ce marché américain que le groupe fait face à de grandes difficultés. Les voitures restent invendues sur les parkings, et la direction est contrainte de les brader pour éviter des stocks d’invendus.

L’étoile de Carlos Tavares pâlit

Ce retournement de situation met en lumière un problème stratégique : Carlos Tavares, dans sa quête de marges à deux chiffres, aurait oublié de se concentrer sur la qualité des produits. De plus, il aurait mis une pression intense sur ses équipes dirigeantes, entraînant une rotation excessive des cadres et une réticence à faire remonter les mauvaises nouvelles.

L’étoile de Carlos Tavares a donc sérieusement pâli ces derniers jours. Ironiquement, lui qui avait l’habitude de mettre la pression sur ses troupes, se retrouve aujourd’hui sous la pression de son propre conseil d’administration. Ce dernier lui a rappelé que son poste est “éjectable”, et qu’une recherche de remplaçant est déjà en cours, Carlos Tavares étant à moins de deux ans de sa retraite.

Une sortie de route à 36 millions d’euros

Le capitalisme a parfois cette capacité à glorifier puis à sanctionner. Malgré ses erreurs, Carlos Tavares reste en poste avec une rémunération que beaucoup envieraient. Cependant, il semble que la fin de son parcours à la tête de Stellantis approche.

Et vous, que pensez-vous de cette situation ? Le capitalisme est-il juste dans ses succès comme dans ses échecs ?

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