Paul Vacca

Snoopy, super-influenceur depuis 1950

Paul Vacca Romancier, essayiste et consultant

Septante-cinq ans et toujours aussi virevoltant. Né le 4 octobre 1950 sous les doigts magiques et l’esprit espiègle de Charles M. Schulz, Snoopy a commencé sa trépidante carrière en vivant des aventures quotidiennes en compagnie de ses amis Charlie Brown, Lucy, Linus et Woodstock, dans les comic strip que des millions de lecteurs du monde entier scrollaient horizontalement.

Très vite, Snoopy s’échappe des cases de la bande dessinée pour devenir un personnage à part entière de la pop culture. D’abord sur les t-shirts, calendriers, affiches, cartables, trousses d’écoliers… Puis, dès les années 1960, comme porte-parole de marques telles que Ford, McDonald’s, Kodak, Hallmark, Metlife ou la Nasa. Et enfin, consécration suprême, comme top model toujours plus recherché dans la mode et le luxe.

Une exposition à Paris lui est d’ailleurs consacrée actuellement sur le sujet. Intitulée Le style Snoopy – Une histoire de Peanuts et la mode, on y découvre un Snoopy paradant dans une kyrielle de défilés pour Chanel, Jean-Charles de Castelbajac, Paco Rabanne, Thierry Mugler, mais aussi avec la nouvelle vague de la mode comme Alessandro Michele et Valentino, Gucci ou encore comme roi du streetwear pour Lacoste, Vans ou Uniqlo, jusqu’à devenir une référence ultime dans la culture hip-hop avec les rappeurs Kanye West ou Snoop Dog (dont le pseudonyme est un hommage).

L’exposition proposée par Sarah Andelman se vit comme une plongée dans le phénomène Snoopy. Dès l’entrée, on est emporté par le flot d’un public international et transgénérationnel à son image. L’accumulation parfaitement muséographiée de l’impressionnante quantité de collaborations festives du chien avec les marques et les créateurs, et jusqu’à l’espace café (dog friendly, bien évidemment) où l’on sert des Charlie Brownies, a quelque chose d’envoûtant et d’enivrant. Nous sommes immergés dans le réacteur de la fabrication d’une icône de la pop culture : à la fois spectateurs et acteurs de cette alchimie particulière entre la culture et les marques. Un cercle vertueux vertigineux, où la culture s’offre une forme de transsubstantiation en s’incarnant dans les marques et où, en retour, ces collaborations marketing deviennent à leur tour un substrat culturel et expérientiel dans une exposition. Rien ne se perd, tout se transforme. Snoopy incarne au plus haut point cette opération contemporaine de récupération et de régénération perpétuelles entre la culture et les marques.

Snoopy incarne au plus haut point cette opération contemporaine de récupération et de régénération perpétuelles entre la culture et les marques.

Car Snoopy constitue un élixir de jeunesse et d’universalité. Aussi intemporel et old school qu’un blason ancestral avec ses valeurs héraldiques d’imagination, d’humour, son sens de l’indépendance et de l’amitié, son courage, mais également ultra-contemporain comme un emoji capable de refléter la plasticité de tous nos états d’âme. Pas étonnant qu’il soit même devenu un super-influenceur créatif à l’égal d’un Pharrell Williams qui, lui, a fait le chemin inverse en s’incarnant en personnage de dessin animé. Ils partagent cette attitude cool et distanciée, cette humeur dansante et complice qui irrigue la mode et la pop culture bien au-delà de leurs domaines d’origine.

On rêverait d’ailleurs de voir Snoopy porter son influence encore plus haut et plus fort. Et si, n’écoutant que sa nature héroïque d’aviateur intrépide, il prenait la tête d’un mouvement mondial contre le nouveau Baron Rouge ? Sa mission ? Rendre à notre présent tourmenté le sens de l’humour, de l’amitié, de la danse et du respect de la nature. Que ce serait beau de le voir perché sur son biplan, envoyant ses vibes positives à la terre entière et laissant flotter dans son sillage une banderole avec “Make Our Planet Cool Again” !

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