Amid Faljaoui

Silicon Valley Bank : une panique bancaire en forme d’opportunité d’achat?

Les dirigeants des banques européennes ont eu chaud, très chaud vendredi dernier. Il est vrai qu’en Bourse, ce n’était pas la joie pour le secteur bancaire.

La plupart des actions bancaires européennes ont d’ailleurs chuté comme un seul homme : l’action de BNP Paribas a perdu 3.16% en une seule séance, ING a également perdu 4.19%, la banque espagnole Santander a lâché même un bon 5% et ainsi de suite. Cette dégringolade des actions bancaires a été provoquée par la fermeture d’une petite banque américaine qui est inconnue du grand public. En effet, personne ne connait la Silicon Valley Bank. Située en Californie, cette petite banque a elle-même a perdu 60% de sa valorisation boursière jeudi dernier.

C’est donc cette Silicon Valley Bank qui a provoqué cet effet domino – d’abord sur les grandes banques américaines jeudi dernier. Je rappelle que jeudi dernier les 4 plus grandes banques américaines ont perdu d’un seul coup 52 milliards de dollars de capitalisation. Ensuite, l’effet domino a continué sur les banques européennes vendredi dernier. Avant d’aller plus loin dans les explications, je vous rassure tout de suite, nous ne sommes pas dans un scénario à la Lehman Brothers. Aujourd’hui, nous ne sommes pas au même niveau d’inquiétude  – fort heureusement et la Silicon Valley Bank n’est pas le canari dans la mine de charbon. Restons donc calmes, il y a déjà assez de mauvaises nouvelles sans ajouter une couche de stress supplémentaire.

Les difficultés de cette banque sont intéressantes à analyser. D’abord, parce qu’on découvre que cette banque gère le cash de quasi la moitié des start-up américaines et ce qui est cocasse, c’est qu’elle prête aussi de l’argent aux fonds de venture capital qui, eux-mêmes, prêtent de l’argent aux start-up. Ce cercle vertueux a tourné court ces derniers mois pour la simple raison que la hausse des taux d’intérêt a mécaniquement fait baisser la valeur du portefeuille obligataire de cette banque. Le résultat, c’est que cette banque californienne a dû acter une perte de 1,8 milliard de dollars sur son portefeuille obligataire, ce qui a fait très peur à ses clients. Donc, des tas de start-up ont paniqué et ont retiré leur argent des comptes de la Silicon Valley Bank. C’est ce vent de panique qui a aggravé la situation de cette banque américaine, car elle n’a pas accès immédiat à des liquidités aussi nombreuses que les grandes banques. Elle est donc plus exposée à des retraits en cascade de dépôts. D’ailleurs, le patron de la Silicon Valley Bank le reconnaissait lui-même, sa banque peut tenir debout sauf si tous les clients se mettent à paniquer et à retirer leur argent de leurs comptes. C’est ce qu’on appelle dans le jargon financier « le bank run »  – la fuite des dépôts.

Vous me direz, ça ce sont les déboires de cette banque californienne spécialisée dans les start-up, mais en quoi, ça a affecté les grandes banques américaines ou européennes ? Les investisseurs ont pris peur, et ont commencé aussi à scruter les autres banques en se demandant si la remontée récente des taux d’intérêt n’a pas trop réduit la valeur de leurs portefeuilles obligataires et la réponse est oui. Mais ce qui étonne les spécialistes, c’est l’étonnement de ces investisseurs. Oui, c’est un risque, mais qui n’est pas nouveau et qui est plutôt bien géré par la plupart des banques. Les autorités de contrôle font d’ailleurs régulièrement des tests de résistance, et a priori, il n’y a aucun souci. D’ailleurs, depuis lors, le cordon sanitaire établi immédiatement ce weekend par les autorités financières américaines empêche un remake de Lehman Brothers !

Et vous savez quoi, certains futés se disent que décidément la Bourse est une grande trouillarde pour reprendre l’expression d’un ancien professeur d’université. Donc, comme les actions bancaires avaient bien grimpé ces dernières semaines, ces mêmes futés se demandant si cette baisse des cours des actions bancaires n’est pas une belle opportunité d’achat. D’autres espèrent même que ces déboires bancaires vont freiner la hausse des taux programmée par le président de la FED. Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres.

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