Amid Faljaoui
Sécurité sociale: choisir entre un teckel ou un enfant?
Les économistes le confirmeront : la partie la plus sérieuse, la plus indiscutable de leur matière, c’est la démographie. Les chiffres sont implacables et les courbes et graphiques ne font pas l’objet de discussion à l’instar d’autres sujets comme la politique monétaire ou budgétaire.
Et ce qui est certain, c’est que l’Europe, après le Japon, est en train de se transformer en continent de personnes âgées. La faute à qui ? A la dénatalité. L’Europe, Russie comprise, va passer de 743 millions d’habitants à 500 millions d’ici 40 ans. Demain donc, à l’aune de notre longue histoire.
En France, le président Macron s’est ému de la baisse de la natalité dans son pays et a même déclaré, avec l’une des formules dont il a le secret, qu’il fallait que la France vive son « réarmement démographique ».
En Belgique, on est plus sobre dans l’expression orale, mais nous avons le même problème puisqu’avec 1,6 enfant par femmes, la Belgique est sous le seuil de remplacement (2,1 enfants par femme). Les explications de cette baisse de fécondité sont nombreuses, elles vont du recul de l’âge moyen pour avoir un enfant, en passant par l’allongement de la durée des études, la participation massive des femmes au marché du travail et jusqu’à l’inquiétude sur l’avenir de la planète et donc celui de notre progéniture.
Je taille à la serpe, bien entendu, mais cette baisse de la fécondité est un choix, et qu’il soit subi ou pas, n’enlève rien à la question sur la soutenabilité de notre modèle social. Chacun le sait maintenant, nous avons besoin d’avoir plus d’actifs que de pensionnés pour que la sécurité sociale tienne le coup. D’autant que la génération des baby-boomers va coûter cher en termes de pension et de soins de santé avant de s’éteindre au fil du temps.
Mais si rien ne change, ce qui est le scénario le plus probable, il faudra envisager le recours à l’immigration de personnes jeunes. Sauf que cette évidence ne fait pas l’unanimité. Surtout si la migration en question est de provenance du sud de la méditerranée.
Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est un autre phénomène. Passé inaperçu jusqu’ici. Et c’est le rôle de nos animaux de compagnie. Sans crier gare, au fil du temps, leur rôle a changé : d’animaux de compagnie, ils deviennent des membres de la famille ! La journaliste et vétérinaire française Hélène Gateau a fait un carton avec son livre, dans lequel elle explique, sans fard, qu’elle préfère le meilleur ami de l’homme à un enfant. C’est évidemment son choix et elle l’assume sans honte. Normal, son discours trouve un écho positif auprès de millions de semblables. D’ailleurs, des études montrent que la part des chiens de petite taille – moins de 10 kilogrammes – représente 41% des effectifs des chiens vendus. Motif de cet engouement? Ils sont plus compatibles avec notre mode de vie urbain.
D’ailleurs, nous transposons aussi sur ces « meilleurs amis de l’homme » nos propres émotions ou convictions. Comme le faisait remarquer une enquête du quotidien Le Figaro, cela explique l’explosion du marché des croquettes sans gluten pour chien. N’est-ce pas là une manière de transposer nos convictions sur la malbouffe ? Pourquoi pas, après tout : en quoi est-ce mal de transposer notre affection sur ces animaux de compagnie devenus visiblement des membres de la famille ? Aucun mal, bien entendu. D’ailleurs les hommes politiques l’ont bien compris : il n’y a qu’à compter le nombre d’entre eux qui s’affichent avec un chien sur leurs affiches électorales. Je ne sais pas si c’est sincère ou si c’est un calcul politique, je vous laisse seuls juges.
Mais ce remplacement des enfants par des animaux de compagnie suscite aussi des interrogations comme l’indiquent à juste titre mes confrères du Figaro. Qui est le plus à même de perpétuer des traditions ? Qui est le plus à même de transmettre une histoire ? Et sur qui compter pour financer nos retraites ? Un enfant ou un teckel ? L’un des amis, expatrié français, m’avait répondu « les deux mon général ». Tant que le cumul n’est pas interdit ni taxé, il a sans doute raison.
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