Amid Faljaoui
Salon du Bourget : décarbonation, discours écolo et billets plus chers
Le monde est au rendez-vous du Bourget cette semaine. C’est donc au nord de Paris qu’a lieu en ce moment le plus grand salon de l’aéronautique au monde.
L’édition 2021 avait dû être annulée pour cause de COVID et donc, tous les acteurs du secteur sont en rendez-vous après cette longue absence. Seulement voilà, le monde change et le discours public a changé également. Aujourd’hui, l’aviation est l’objet des critiques de la gauche radicale et écolo. Même un ingénieur écolo, pourtant pro-nucléaire, comme Jean-Marc Jancovici, gourou des écologistes français, préconise de ne prendre l’avion que 4 ou 5 fois dans sa vie. C’est ce qu’il a déclaré au micro d’une radio française et cela a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux.
Selon lui, et les plus alarmistes, c’est effectivement drastique comme mesure, mais c’est la seule solution pour atteindre nos objectifs de réduction d’émission de CO2 en vue de limiter la hausse des températures. D’autres militants écolos extrêmes vont plus loin encore et préconisent de sortir «l’avion de nos rêves d’enfants ». D’autres encore tapent sur le même clou que Jean-Marc Jancovici en répétant à l’infini « 4 vols dans une vie, c’est assez, et quand on est vieux, on a qu’à partir en vacances en Corrèze ». Bien entendu, ce discours est uniquement occidental. En Afrique et en Asie, l’avion est considéré comme un moyen d’émancipation des classes moyennes. Et puis, d’autres encore, comme un ancien ministre des transports français estiment que « personne ne se déplace pour le plaisir de consommer du carburant. Les humains voyagent pour développer des projets, voir des proches, se soigner, porter assistance aux plus démunis et pour découvrir d’autres pays, d’autres cultures ». Selon lui, se déplacer est donc un besoin essentiel de l’être humain.
Vous voyez, les positions entre les uns et les autres sont tranchées, mais sur les médias, c’est clair que « l’avion-bashing » prend le dessus.
D’abord, essayons de rester positifs. L’aviation doit se décarboner, c’est une évidence et même une exigence, mais il faut aussi rappeler que l’aviation a une surface médiatique inversement proportionnelle à sa pollution. En effet, l’aviation ne représenter que 2.5% des émissions de CO2 d’origine humaine. C’est peu dans l’absolu par rapport à la pollution du logement ou des transports en voiture. Mais 2.5%, c’est encore trop et le lecteur qui voudra faire l’effort de se renseigner découvrira que parmi les 3 thèmes choisis cette année par le salon de l’aviation du Bourget, il y a évidemment le thème de la décarbonation. Tous les industriels sont alignés pour venir avec des solutions technologiques qui permettront le zéro net émission pour 2050. La course technologique est lancée et le Bourget est très fier d’annoncer que 300 start up venues du monde entier seront à Paris pour montrer leurs solutions en matière de décarbonation notamment. C’est une première mondiale là aussi.
Les plus radicaux diront que je suis un adapte du chamanisme technologique et que je suis trop béat devant les capacités de l’esprit humain à trouver des solutions. Peut-être. Mais il y a une certitude, tout comme la voiture neuve est devenue un produit de luxe, l’aviation de demain le redeviendra, car ces nouvelles solutions de décarbonation de l’aviation coûteront de l’argent et auront un impact à la hausse sur les prix des billets d’avion. Au final, la transition énergétique est, hélas, une formidable machine à créer de l’inégalité sociale. Et ça, ça ne passera pas sur le plan politique, le débat est donc loin d’être terminé. Mais je sais aussi d’expérience que la persévérance troue le marbre, et une fois de plus, on trouvera une solution. Ce sera une césarienne comme d’habitude, mais on y arrivera.
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