Amid Faljaoui

Rien ne change, c’est la rentrée de l’hypocrisie et de la cupidité

C’est la rentrée, et comme pour toutes les rentrées, nous allons vite découvrir que rien ne change en ce bas monde.

hier midi, je discutais avec le patron d’un grand distributeur alimentaire, et il me confiait que, selon lui, l’automne serait chaud sur le plan social en Belgique. Il a sans doute raison; les syndicats n’ont jamais porté les partis de droite dans leur cœur, et il y aura probablement des manifestations pour dénoncer la régression sociale que le futur gouvernement pourrait engendrer. Là aussi, rien de nouveau sous le soleil.

Les médias ne manqueront pas de nous rappeler que le prix des fournitures scolaires a encore grimpé cette année. Ils auront raison, bien sûr, et après cela, ils enchaîneront sûrement sur le mal de dos, ce mal du siècle qui semble n’épargner personne. Mais si on se tourne vers la scène internationale, on remarquera que Kamala Harris et Donald Trump se disputent actuellement pour apparaître comme les candidats les plus favorables au Bitcoin. C’est bien normal : le vote des amateurs de Bitcoin pourrait être décisif. Cette semaine, nous avons appris que 172 000 personnes détiennent désormais plus d’un million de dollars en Bitcoin. Et tant pis si ces mêmes politiciens dénonçaient hier encore les dangers des cryptomonnaies, notamment pour les jeunes citoyens. Là encore, rien ne change; après tout, pour obtenir un vote, une petite perte de mémoire est toujours possible.

En Europe, la situation n’est guère différente. La Commission européenne et nos dirigeants continuent de tenir des discours fermes contre la Russie. Pourtant, malgré l’embargo, la Russie semble tenir bon. Étonnant? Pas vraiment. Cette semaine, nous avons aussi appris que le Kazakhstan, un pays satellite de la Russie, a vu ses importations européennes augmenter, tout comme ses exportations vers la Russie. Comme par hasard. Tout le monde sait que la Russie détourne l’embargo européen avec l’aide de pays amis comme l’Inde, la Turquie, ou maintenant le Kazakhstan. Mais là encore, rien ne change, surtout ne nous dérangez pas dans nos contradictions.

En somme, rien ne change dans ce bas monde, pas même la cupidité humaine. Rappelez-vous, c’était hier, le 5 août dernier, lorsque la Bourse a été secouée par une tempête majeure, provoquant une véritable panique. Les experts nous ont expliqué ensuite que cette tempête boursière était principalement due au « carry trade ». Cette technique de spéculation consiste à emprunter dans une devise à faible taux d’intérêt pour placer cet argent dans une autre devise à taux élevé. C’est ce qu’ont fait des fonds spéculatifs en empruntant en yen japonais pour investir en livre turque. Je vous épargne les détails techniques, mais cette stratégie s’est avérée gagnante dans 99 % des cas. Cependant, la Banque centrale japonaise a décidé d’augmenter ses taux d’intérêt, faussant les calculs des spéculateurs, ce qui a conduit à la débandade et à la crise boursière du 5 août. Et hier encore, la livre turque a connu un crash éclair, perdant 4,5 % en 13 minutes avant de rebondir. On a découvert que ces opérations de « carry trade » continuaient de plus belle, impliquant des spéculateurs japonais, américains et européens. Là aussi, rien ne change.

Et nous voilà à la rentrée, retrouvant nos collègues de bureau, se rappelant que dans ce bas monde, les mêmes causes produisent inévitablement les mêmes effets. Mais malgré tout, bonne rentrée à tous.

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