Bruno Colmant
Repenser le contrat social belge : fiscalité, écologie et justice sociale
Notre monde est en convulsions géopolitiques, et le modèle américano-européen se disloque au profit d’un univers planétaire multipolaire, au sein duquel l’Europe devient un élément périphérique. Par ailleurs, dans l’hypothèse d’un retour de Trump, l’Europe ne pourra plus compter, dans de nombreux domaines, sur les États-Unis, malgré la guerre menée sur le front de l’Est. Mais une réélection de Trump engagerait d’autres dangers, dans les domaines sociaux, monétaires, économiques et bien sûr écologiques.
L’Union européenne domine, quant à elle, la Belgique. Nous avons perdu notre souveraineté monétaire, mais aussi budgétaire et fiscale puisque l’Europe vient de décider de réactiver les contrôles de déficits et d’endettement publics émanant des parchemins du Traité de Maastricht tandis que les plans de relance sont subordonnés à des réformes qualifiées de « structurelles », c’est-à-dire de déconstruction de l’État social.
À l’échelle belge, les deux partis qui seront apparemment dominants, à savoir le Vlaams Belang et le PTB-PVDA, seront écartés, proprio motu, par des forces politiques qui disent à un tiers des Belges que leur vote ne sert à rien. On peut d’ailleurs très légitimement s’interroger sur ce qui a donné naissance à ces partis qualifiés d’extrêmes et dont l’élection des représentants est soumise à des exclusives qui n’ont aucun fondement constitutionnel. Il me semble difficile de qualifier leurs électeurs de victimes du populisme, mais si c’est le cas, la question est de savoir ce qui orientera leurs votes. Ce pourrait être – qui sait ? – une déception par rapport au contexte sociopolitique actuel. En tout cas, c’est ce que je pressens.
Il reste les négociations qui devront, après un scrutin proportionnel à un tour, s’accommoder les uns des autres, sans possibilité de réformer ce qui devrait l’être, à savoir notre système fiscal et social, dans le sens d’une plus grande équité et justice sociale. En effet, par l’exclusion des extrêmes, le prochain gouvernement sera amené à composer avec les mêmes forces politiques que celles qui ont géré le pays au cours des 5 dernières années, sans développement spectaculaire.
Or, ce qu’il faut absolument faire, c’est exiger de repenser le contrat social interne à la Belgique, dans une réalité où le travailleur est trop souvent considéré et taxé comme un « riche » puisqu’il est taxé à 50%, alors que nos habitudes de consommation exigent de profonds correctifs fiscaux et écologiques et qu’il faut entendre ceux qui sont choqués par l’enrichissement patrimonial passif, tout en promouvant l’entrepreneuriat.
Bien sûr, tout le monde y va de sa formule, mais, au-delà de cela, qui propose un plan cohérent pour le bien-être des futures générations, c’est-à-dire ceux qui fêteront peut-être le 250e anniversaire de la Belgique ? Il faut aussi absolument conserver un État social qui promeut la solidarité intra et intergénérationnelle, car cela fonde le Royaume.
Pourtant, rien n’est résigné et tout reste à accomplir. C’est cela qu’il faut exiger, plus loin et plus haut que nos intérêts immédiats : un sursaut moral collectif qui pourra nous éviter l’amertume, dans 6 ans, de ne pas fêter dignement les deux siècles du Royaume.
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