René Girard, le philosophe français qui explique mieux la Silicon Valley et la Maison Blanche que tous les experts du numérique et de la politique

Accrochez-vous : aujourd’hui, je vais vous parler d’un professeur de philo d’origine française, presque inconnu du grand public, mais qui influence… Peter Thiel, l’un des premiers invextisseurs de Facebook, et même JD Vance, le vice-président des États-Unis !

Son nom ? René Girard. Et ce discret penseur, mort aux USA en 2015, a compris un mécanisme qui explique à la fois les réseaux sociaux, les tensions politiques, et même notre économie numérique.

Le Figaro a eu la très bonne idée de rappeler son importance récemment. Et ici, nous allons essayer d’éclairer la pensée de René Girard.

René Girard a découvert deux grandes lois humaines.

Première loi : le désir mimétique.

Nous ne désirons pas librement. Nous imitons le désir des autres.
Vous pensiez vouloir une Tesla parce que c’est “pratique” ? Non ! Vous la voulez parce que votre collègue ou votre voisin la convoite.
Vous rêvez d’une maison dans un quartier chic ? Ce n’est pas par hasard : c’est parce que d’autres la désirent aussi.
Même les enfants dans une cour de récréation le montrent : deux enfants se désintéressent d’un jouet… jusqu’à ce que l’un commence à y toucher. Alors, comme par magie, l’autre le veut aussi.

Peter Thiel, l’un des parrains de la Silicon Valley, a vu là une clé pour comprendre et amplifier les affaires. Facebook, Instagram, TikTok fonctionnent exactement ainsi : ils montrent les désirs des autres pour que vous les imitiez… et que vous achetiez, vous consommiez, vous réagissiez.
Le mimétisme est devenu le moteur caché de l’économie numérique.

Deuxième loi : le mécanisme du bouc émissaire.

Quand trop de personnes désirent la même chose, cela crée des conflits. De la jalousie, de la haine, de la violence.
Et, depuis la nuit des temps, comment les sociétés apaisent-elles ces tensions ?
En choisissant une victime commune – un bouc émissaire – sur qui tout le monde déverse sa colère.
On accuse, on expulse ou on sacrifie quelqu’un pour ramener la paix. Ce mécanisme, avant Jésus, était masqué dans les mythes anciens : la victime semblait toujours coupable.

Mais avec le Christ, dit Girard, tout change.
Car dans l’Évangile, Jésus est un bouc émissaire… mais il est reconnu innocent.
Le stratagème est dévoilé : on ne peut plus croire qu’on règle les tensions en sacrifiant un innocent. Résultat : la violence ne peut plus être “canalisée” de façon aussi simple, et nos sociétés modernes doivent trouver d’autres chemins.

C’est exactement ce qui a fasciné JD Vance, l’actuel vice-président américain. Ancien protestant devenu catholique, il explique que René Girard lui a donné une clé : sans foi, sans conscience du mimétisme, notre société se condamne à répéter sans fin les mêmes rivalités et violences absurdes.

Peter Thiel, lui, lit encore plus loin : il pense que sans nouveaux mécanismes pour contenir cette violence, nous courons vers une forme d’apocalypse mimétique. Trop de désirs copiés, trop de tensions, trop peu de solutions.
D’où son appel à un christianisme plus “constantinien”, c’est-à-dire un christianisme qui agit politiquement pour maintenir l’ordre… ce qui reste très discutable au regard de Girard lui-même.

Le Figaro a donc très justement remis René Girard en lumière. Mais pour vraiment comprendre son actualité, il faut ajouter ceci :

• Nos réseaux sociaux sont des machines à créer des envies rivales.
• Nos crises politiques cherchent encore leurs boucs émissaires modernes.
• Notre économie numérique est un gigantesque théâtre du désir mimétique.

Au final, un professeur français modeste, et c’est tout notre XXIe siècle qui s’explique soudain mieux.
Mieux que mille experts ou gourous.

Alors oui, pour comprendre le futur, il faut parfois relire un penseur discret du passé.
René Girard, ou comment l’ombre d’un vieil intellectuel éclaire les couloirs du pouvoir… et les algorithmes qui gouvernent notre quotidien.