Amid Faljaoui
Quand les réseaux sociaux deviennent les pyromanes des crises bancaires
Ah, Winston Churchill et ses aphorismes tranchants… « Si on ne les met pas à genoux, on les aura à la gorge », disait-il à propos des Allemands. Heureusement, ce genre de punchlines est relégué à l’Histoire. Mais avouez que ça illustre bien un certain paradoxe : vos ennemis d’hier peuvent devenir vos meilleurs alliés… jusqu’à ce qu’ils vous poignardent dans le dos. Un peu comme nos chers amis américains et la crise financière de 2008.
Souvenez-vous : des banques américaines jouent aux apprentis sorciers avec des subprimes, et tout le système financier mondial vacille. Merci qui ? Merci Wall Street ! Et aujourd’hui ? Le coup de théâtre : les banques américaines sont en bien meilleure forme que nos pauvres institutions européennes. Le capitalisme made in USA, c’est comme une sitcom : toujours plein de rebondissements.
Mais attendez, il y a mieux. Donald Trump, grand showman devant l’éternel, a décidé de déréglementer l’économie américaine. Applaudissements dans les rangs du patronat européen : « Pourquoi ne pas faire pareil chez nous ? Trop de règles, trop de taxes ! » Après tout, innover, c’est pour les Américains ; nous, on réglemente, on taxe, et quand ça va mal, on subventionne. Une recette bien de chez nous !
Sauf que, spoiler alert, déréglementer un secteur aussi sensible que la banque, ce n’est pas exactement comme déréglementer le marché du cornichon. En mars 2023, plusieurs banques américaines ont fait faillite, à commencer par Silicon Valley Bank. Une petite banque régionale mal gérée ? Certes. Une clientèle trop homogène ? Évidemment. Mais surtout, elle était trop petite pour être surveillée de près par les autorités. En clair : merci la déréglementation !
Et là, devinez quoi ? Wall Street pousse pour que l’on assouplisse encore plus la réglementation bancaire. Parce qu’après tout, pourquoi apprendre de 2008 ou même de 2023 ? Non, soyons audacieux : jouons avec le feu !
Le problème, c’est que le feu d’aujourd’hui est bien plus rapide à se propager qu’hier. Une étude de la Banque de France révèle que les réseaux sociaux sont devenus les nouveaux pyromanes des crises bancaires. Prenez Lehman Brothers : il a fallu deux mois pour qu’elle perde 74 % de sa valeur en 2008. La Silicon Valley Bank, elle, a perdu 60 %… en 24 heures. Oui, vous avez bien lu. En une seule journée, 42 milliards de dollars ont été retirés. Et pourquoi ? Parce que Twitter, ce nouveau télégraphe de la panique, a amplifié les rumeurs à la vitesse de l’éclair.
Autrefois, pour retirer leurs économies, les épargnants devaient faire la queue devant la banque. Aujourd’hui, ils peuvent vider leur compte en pyjama, smartphone en main, entre deux épisodes de leur série préférée. Résultat : une banque peut se retrouver à genoux en quelques clics, littéralement.
Et pendant ce temps, nos banques européennes, bien plombées par leur réglementation bétonnée, regardent tout cela avec une pointe de jalousie mêlée d’effroi. Nos amis américains, eux, se frottent les mains : ils pourront bientôt racheter ces banques européennes à prix cassé.
Alors, méfiez-vous de vos amis. Parce que, comme disait Voltaire : « Je m’occupe de mes ennemis. » Les réseaux sociaux et les banques américaines s’occupent du reste.
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