Amid Faljaoui
Quand le PS et Ecolo font campagne avec l’argent des entrepreneurs flamands
Les entrepreneurs belges n’ont pas pour habitude de signer une pétition et encore moins de la rendre publique. Connus plutôt pour appliquer l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés », 400 entrepreneurs belges ont malgré tout décidé de ne pas respecter cette vieille règle et ont signé une pétition dans laquelle, ils disent qu’ils s’opposent fermement à une taxe sur le patrimoine. Ils ne s’y opposent pas uniquement sur le principe mais ils détaillent pourquoi cette taxe aurait un impact négatif sur l’économie de la Belgique. Fait intéressant, les entrepreneurs à l’origine de cette pétition viennent de tous les secteurs, immobilier, médias, industrie, distribution, etc.
Et si ces 400 entrepreneurs sont sortis du bois, c’est parce que la campagne électorale actuelle a notamment pour thème la taxe sur les millionnaires. Faut-il le préciser, c’est surtout du côté des partis politiques francophones que ce thème est en vogue. Avec de manière assez étonnante, un parti Ecolo et un parti socialiste plus en pointe que le PTB sur le sujet.
En effet, si le PTB préconise aussi cette taxe sur les millionnaires, la barre de la taxation est fixée à 5 millions alors que pour les deux autres partis, elle est déjà à un… million d’euros. D’ailleurs, sur cette différence, le président du parti socialiste n’a pas hésité à en faire une arme électorale puisqu’il a clamé haut et fort que pour le PTB, quelqu’un qui a un patrimoine inférieur de quelques euros à 5 millions d’euros ne paiera donc pas la taxe des millionnaires. Sous-entendu, le PTB se ridiculise auprès de ses électeurs avec sa barre placée à 5 millions.
La taxe sur les millionnaires fait d’autant plus saliver les partis politiques francophones en question qu’une étude de l’UCL montre qu’une telle taxation pourrait remplir les coffres de l’Etat de 9 à 13 milliards d’euros. Et même si un organe plus officiel comme le bureau du plan, lui table, plutôt sur une somme située entre 4 et 5 milliards d’euros, la manne céleste reste énorme aux yeux des partis préconisant cette taxe sur les millionnaires.
Bref, le constat fait de longue date, c’est que les partis politiques francophones ont le même reflexe qu’en France : un problème surgit ? Vite une taxe ! C’est quasi pavlovien, dès que la cloche du déficit budgétaire sonne, le mot taxe arrive quelques secondes après. J’ai déjà expliqué à nos lecteurs et lectrices pourquoi cette taxe sur le patrimoine est une très mauvaise idée, mais le débat démocratique n’empêche pas un ou plusieurs partis de la proposer.
En revanche, ce qu’on n’a pas dit dans ce débat, c’est pourquoi cette taxe ne verra pas le jour. Pour une raison très simple : comme l’argent, le patrimoine est plutôt localisé en Flandre et beaucoup moins en Wallonie, la taxation toucherait surtout les entrepreneurs flamands. En clair, au nord du pays, cette taxe n’est pas un sujet électoral important alors qu’au sud du pays, c’est le cas. Dis autrement, les partis politiques du sud du pays font leur campagne électorale mais avec l’argent du nord, celui des flamands ! c’est brutal comme résumé, mais ça veut dire quoi ? Que tant que la Belgique restera fédérale, cette taxe ne verra pas le jour car elle vise les entreprises familiales qui sont l’épine dorsale de l’économie flamande.
Et si j’ose pousser le raisonnement encore plus loin, je dirai que le PTB peut proposer ce qu’il veut, il a déjà dit qu’il n’irait pas au gouvernement, donc l’épée taxatrice du PTB est une épée en bois. Quant au parti Ecolo et le PS, ils font campagne sur un sujet facile – taxer les riches – mais sans dire à leurs futurs électeurs que leur taxe est imbuvable pour le nord du pays, et donc ne verra probablement jamais le jour. Georges Clémenceau disait « on ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse ». La citation n’a pas pris une ride.
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