Amid Faljaoui

Quand la politique rencontre la K-Pop: l’influence des réseaux sociaux sur la nouvelle génération de politiciens

Des vidéos courtes et percutantes envahissent les réseaux sociaux, transformant la politique en un véritable spectacle. Mais cette stratégie de séduction numérique risque-t-elle de nuire au débat politique de fond ?

En Belgique, ce sont le centre et la droite qui ont gagné les élections. En France, c’est plutôt l’extrême droite et la gauche radicale qui l’ont emporté aux dernières élections européennes. Mais dans les deux pays, le point commun est que les hommes et femmes politiques de la jeune génération se sont inspirés et s’inspirent encore des méthodes des influenceurs ou des fans de K-Pop pour séduire un électorat jeune et naturellement moins attiré par la politique. C’est évidemment le cas de Jordan Bardella, avec son compte TikTok suivi par 1,6 million d’abonnés. Ses vidéos marchent bien et jouent à fond la carte des influenceurs mais aussi de la téléréalité. Ainsi, on peut le voir jour après jour dans des vidéos montrant en quelques dizaines de secondes son quotidien, comme par exemple « quand il marche, retrousse ses manches et gobe des bonbons ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce genre de vidéos d’un vide intersidéral fonctionne.

Mes confrères du Figaro l’ont constaté lors d’une enquête consacrée au sujet : des adolescentes sont en pamoison devant Bardella parce qu’elles aiment bien son fil TikTok où, je cite, « il va prendre un sandwich » en disant « j’ai faim ». La même personne d’ajouter, « il est super simple devant la caméra. Il paraît intelligent et charismatique ».

Et c’est vrai que, que ce soit à l’extrême droite ou à l’extrême gauche, les vidéos des politiques jouent sur le physique et l’humour, au point que certains internautes sont parfois tiraillés en découvrant le physique avenant d’un candidat du camp adverse ou plus simplement son humour. C’était le cas par exemple avec David Guiraud, le député des Insoumis, qui bénéficie de vidéos montrant ses meilleures « punchlines » assez hilarantes.

J’ai souvent expliqué ici même, sur cette antenne, que nous sommes entrés dans l’économie de l’attention. Et cette économie de l’attention – et donc une économie de la dopamine -, a aujourd’hui contaminé le monde politique. Le réflexe a hélas remplacé la réflexion. En Belgique, c’est aussi le cas. Pour le plus grand bien de certains partis, dont les plus actifs sur les réseaux sociaux sont le PTB ou encore le MR.

 Produweb, une société de production basée à Liège et spécialisée dans le marketing digital, a même reconnu auprès de mes confrères du quotidien économique L’Echo qu’elle était à l’origine du succès du MR en région liégeoise. Là aussi, l’agence en question a produit pour le MR local une cinquantaine de vidéos très courtes, allant de 30 secondes à une minute quinze maximum, et produites pour s’adapter aux différentes plateformes que sont Facebook, Instagram, TikTok ou encore LinkedIn. Bravo pour l’entreprise en question, mais des interrogations restent en suspens, notamment celle de savoir si les réseaux sociaux ne valorisent pas la séduction au détriment du débat politique. Et vous, qu’en pensez-vous ?

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