Amid Faljaoui

Quand Fox News gouverne à la place du président

Si Donald Trump a finalement reculé sur ses tarifs douaniers — en annonçant une pause de 90 jours sur tous les pays sauf la Chine — ce n’est pas seulement par pure bonté d’âme ou sur la foi d’un éclair de lucidité. Non. Cette volte-face spectaculaire a trois raisons très politiques, très financières… et très télévisuelles.

D’abord, le Congrès américain a paniqué. Pas de manière visible, spectaculaire, comme en janvier 2021 lorsqu’une foule en colère, galvanisée par un Trump revanchard, avait envahi le Capitole. Cette fois, l’attaque vient de l’intérieur. Les sénateurs et députés républicains, obsédés par leur réélection en novembre 2026, ont pris peur. À juste titre : appliquer la stratégie Trump à la lettre aurait propulsé l’inflation à la hausse, provoqué une récession — estimée à 60 % de probabilité selon JPMorgan — et ruiné le portefeuille des électeurs. Et ça, pour un politicien américain, c’est un aller simple vers la sortie. Donc oui, ils ont mis la pression. Forte. Et Trump a plié.

Trump a plié

Ensuite, les marchés ont vacillé. Et avec eux, le cœur de l’électorat trumpiste : les classes très aisées. Celles qui ont massivement profité de la hausse des marchés depuis 2008. Celles qui détiennent, rappelons-le, 93 % des actions cotées. Quand Wall Street éternue, c’est leur patrimoine, leur influence et leur confiance qui prennent froid. Et Trump le sait : on ne gagne pas une présidentielle en effrayant ceux qui financent les campagnes.

“Fox & Friends”

Mais le plus fascinant reste la troisième raison : Fox News. Mercredi matin, deux signaux sont envoyés sur la chaîne préférée de Trump. D’abord dans “Fox & Friends”, où l’on raconte le calvaire d’un petit patron étranglé par les nouveaux tarifs douaniers. Ensuite, sur Fox Business, où Jamie Dimon, patron de JPMorgan, évoque “la forte probabilité d’une récession”. Quelques heures plus tard, Trump revient sur sa décision. Il accorde une pause sur les tarifs. Les marchés applaudissent

“La crise boursière la plus stupide de l’histoire financière”

Est-ce une coïncidence ? Non. Fox News n’est pas un média comme les autres pour Trump. C’est son tableau de bord. Son interface de communication. Son canal de décision. Il y a recruté des ministres, copié des idées, lancé des annonces. Il écoute Fox plus que ses conseillers. Et Fox l’a influencé, une fois de plus. Et ce n’est pas moi qui le dit mais la presse US. Mais derrière cette comédie, il y a un constat dérangeant : en 24 heures, un homme peut faire paniquer la Bourse, tétaniser des élus, puis tout annuler… en réagissant à la télévision. Ce n’est pas de la politique économique, c’est de la programmation de prime time. Un célèbre financier new-yorkais l’a résumé d’une phrase : “Cette crise boursière est la plus stupide de l’histoire financière.” Peut-être. Mais elle est surtout terriblement révélatrice.

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