Philippe Ledent

Politique et innovation, les deux mots de 2024

Philippe Ledent Senior economist chez ING Belgique, chargé de cours à l'UCLouvain.

Que sera 2024? En cette période, il est de coutume de faire le bilan de l’année écoulée et de donner quelques prévisions pour la prochaine. Certaines lignes directrices de 2024 font d’ailleurs consensus, même si des divergences apparaissent dans l’intensité des phénomènes attendus. Ainsi, tout le monde s’accorde pour dire que le début d’année sera difficile sur le plan économique. Néanmoins, certaines institutions prévoient une reprise assez rapide. Pour d’autres, il faudra attendre le milieu de l’année pour voir l’embellie conjoncturelle.


De même, la majorité des prévisionnistes s’accordent sur le fait que la menace de l’inflation s’écarte petit à petit. Dès lors, 2024 devrait également être l’année des baisses de taux des banques centrales. La Fed ne s’en cache d’ailleurs pas. Des divergences importantes subsistent néanmoins quant au moment de la première baisse de taux et à l’intensité de celles-ci sur l’ensemble de l’année.

La santé d’une économie dépend de la capacité de ses entreprises à inventer et intégrer le progrès technologique et de sa capacité collective à l’accepter.


Mais n’oublions jamais que le futur est incertain. Des éléments viendront perturber le bon déroulement du scénario prévu. Une prévision n’est pas un alignement de planètes ou une fatalité. C’est plutôt le scénario le plus probable. Alors, au-delà des difficultés de début d’année, de la reprise ensuite, de la baisse de l’inflation et des baisses de taux prévues, quels sont les facteurs qui feront de 2024 une bonne ou une mauvaise année économique?


D’une part, l’économie sera clairement marquée par la politique. En Belgique, tous les niveaux de pouvoir vont être renouvelés en 2024. Compte tenu des attentes de chacun, du contexte géopolitique et des tensions sur les finances publiques, ces élections seront cruciales (ceci étant, on a l’impression de le dire à chaque fois…) pour la trajectoire économique de la Belgique. Mais n’oublions pas non plus l’élection présidentielle aux Etats-Unis, qui aura une dimension géopolitique importante. Parlons-en justement, de la géopolitique : les tensions et les guerres n’en finissent pas, comme autant de signes d’une déglobalisation qui s’affirme chaque jour un peu plus et qui impacte l’économie.


Englués dans la dimension politique de la lutte contre les changements climatiques et les discussions stériles qui en découlent, nous ne prêtons pas suffisamment attention à toutes les recherches, innovations et solutions mises en place par le tissu économique. D’ailleurs, malgré des taux plus élevés, on observe que la dynamique d’investissement des entreprises est forte pour le moment. C’est en partie l’illustration que les entreprises avancent dans leur transition. C’est un moteur indéniable d’activité qui est peut-être sous-estimé. Mais à quel point?


De même, les innovations liées à l’intelligence artificielle ont un potentiel énorme. Il faut certes un peu démystifier le concept, mais une chose est claire : l’intelligence artificielle est mûre pour aider les entreprises, ne fût-ce que pour mener à bien des tâches répétitives. En d’autres termes, alors que nos économies sont en manque de gains de productivité, l’intelligence artificielle pourrait bien être le choc technologique dont elles ont besoin. C’est tout à fait essentiel et cela pourrait rapidement se voir dans les chiffres de l’activité économique.


Bref, les innovations en matière de lutte contre les changements climatiques et en matière d’intelligence artificielle, pour ne prendre qu’elles, sont une illustration de plus que la santé d’une économie dépend de la capacité de ses entreprises à inventer et intégrer le progrès technologique et de sa capacité collective à l’accepter. 2024 sera donc beaucoup de choses sur le plan économique, mais sera surtout ce que nous en ferons!

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