Amid Faljaoui
Passoires thermiques : une bouffée d’oxygène en Flandre en attendant Bruxelles et la Wallonie ?
La Flandre assouplit les règles de rénovation des passoires thermiques, facilitant ainsi la vente des biens énergétiquement inefficaces. Pendant ce temps, Bruxelles et la Wallonie devront probablement suivre cette voie. Face aux défis de la transition écologique, les citoyens se trouvent pris entre les exigences climatiques et leur pouvoir d’achat, créant une tension entre la « fin du mois » et la « fin du monde ».
Il y a parfois des coïncidences qui n’en sont pas. Quasiment le même jour, en Flandre et en France, des mesures similaires ont été prises. En effet, le gouvernement flamand et le nouveau Premier ministre français Michel Barnier ont pris des mesures discrètes mais qui auront le mérite de donner une bouffée d’oxygène aux propriétaires de biens immobiliers. Tant mieux, car dans les deux cas, nos politiques ont enfin compris que le logement est le premier poste de dépenses des Belges et des Français.
En Flandre, c’est simple : on ne revient pas sur le fait qu’il faudra rénover les passoires thermiques et singulièrement celles avec les pires labels PEB, à savoir E ou F. Mais, au lieu de durcir le niveau d’exigence au fil des années à venir, le nouveau gouvernement flamand a plutôt opté pour un assouplissement. Comme le faisait noter le porte-parole des notaires de Belgique, « le fait que l’obligation de rénovation soit assouplie rendra les logements avec de mauvaises performances énergétiques plus faciles à vendre ».
Les labels E et F plus lontemps sur le marché
Et de fait, c’est vrai que les biens immobiliers avec un label E ou F restent en moyenne plus longtemps sur le marché. En France, Barnier est conscient que les logements classés G sont prévus d’être interdits à la location dès le 1er janvier 2025. Il a donc clairement indiqué qu’il envisage de reporter cette date. Il le fera d’autant plus facilement que ce report ne lui coûtera pas grand-chose budgétairement.
Assouplir les critères en Wallonie et à Bruxelles
Il est clair que la Wallonie et Bruxelles devront aussi d’une manière ou d’une autre assouplir leurs critères en matière de rénovation de logements, d’autant que les passoires thermiques sont davantage présentes du côté francophone que flamand. Le but évidemment n’est pas de contester l’impact de l’immobilier sur le réchauffement climatique mais juste de rappeler aux politiques qu’ils prennent des mesures au niveau communal, régional, fédéral et européen mais sans concertation aucune avec chacun de ces niveaux de pouvoir. Cela me fait d’ailleurs penser aux travaux à Bruxelles.
Entre la fin du mois et la fin du monde, y a rien à faire la fin du mois l’emporte toujours.
Au final, cela donne une lasagne de nouvelles réglementations, autant de contraintes pour les classes populaires et moyennes, qui sont en réalité impossibles à respecter. Pas parce que le citoyen ne s’intéresse pas au climat mais parce que son portefeuille ne suit pas. Ce n’est pas une question d’être climatosceptique, c’est bêtement une question de pouvoir d’achat. Vous ne pouvez pas demander aux citoyens – comme le font nos politiques – de ne plus pouvoir entrer dans certains centres-ville à partir de 2030 car ils roulent avec une voiture diesel, les forcer à acheter une voiture électrique à partir de 2035 alors qu’elle est 40 à 50% plus chère qu’une thermique, et leur demander en même temps de transformer leur passoire thermique en passant de la lettre E ou F à C ou B en quelques années, alors que l’inflation et la hausse des coûts des matériaux rend les travaux d’isolation beaucoup plus chers que par le passé.
Le vert, c’est cher
Avec la meilleure volonté du monde, le citoyen concerné se sent étranglé surtout que les régions et l’Etat fédéral réduisent ou suppriment ses aides au logement ou à la mobilité. Si j’osais la comparaison, je vous dirais que c’est un peu comme une démangeaison avec interdiction de se gratter. Au final, le citoyen a enfin compris que verdir l’économie, c’est important, mais il a aussi compris que le vert… c’est cher. Et donc, entre la fin du mois et la fin du monde, y a rien à faire la fin du mois l’emporte toujours.
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