L’élection présidentielle américaine, on ne parlera que de cela…

Le débat des candidats à la présidentielle aux Etats-Unis, sur ABC. (Photo by Win McNamee/Getty Images)
Philippe Ledent
Philippe Ledent Senior economist chez ING Belgique, chargé de cours à l'UCLouvain.

Il y a longtemps, j’avais intitulé l’une de mes premières chroniques “Des politologues en salle des marchés”. C’était en 2010, lorsque la crise de la zone euro commençait à prendre racine et alors que les décisions politiques prises lors des sommets européens déterminaient la survie de la zone euro. Une bonne compréhension des positionnements politiques des dirigeants européens devenait plus utile à la gestion de portefeuille que la connaissance des cycles économiques ou des derniers résultats d’entreprise.

Quinze ans plus tard, la (géo-)politique exige encore plus de vigilance, tant les tendances politiques nationales se sont polarisées et les tensions internationales se sont accrues. C’est dans ce contexte que l’élection présidentielle américaine va se dérouler, avec, on l’aura compris, des enjeux cruciaux pour les prochaines années. On ne sera donc pas étonné du fait que cette élection va focaliser l’attention des marchés financiers dans les prochaines semaines, et plus largement de la communauté économique et financière.

Il faut d’abord préciser que les enjeux de l’élection du 5 novembre seront multiples. Il s’agit d’élire le(a) prochain(e) président(e) américain(e), mais également l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Cela fait beaucoup de combinaisons possibles et, compte tenu des prérogatives de chacune de ces institutions, beaucoup de conséquences éventuelles. Voici quelques exemples.

Imaginons une victoire complète de Donald Trump et des républicains, avec la présidence, la Chambre et le Sénat, un scénario tout à fait probable. Dans ce cas, les républicains ayant la mainmise sur la politique budgétaire, les premières mesures pourraient être axées sur une diminution des impôts (et tant pis pour l’état des finances publiques), alors que le président Trump se concentrerait sur la politique migratoire. Ce n’est que dans un deuxième temps (mais cela pourrait même attendre 2026…) que la volonté de Donald Trump d’introduire des tarifs douaniers se concrétiserait.

Une majorité démocrate au Sénat, couplée à une victoire de Donald Trump, pourrait en revanche contrecarrer les plans de politique budgétaire voulus par les républicains. Dans ce cas de figure, on peut penser que Trump risquerait de mettre les tarifs à l’importation tout en haut de sa liste de mesures à prendre.

Ces scénarios entraînent des variations dans les conséquences potentielles tant en matière de croissance économique que d’inflation. Dès lors, le comportement de la banque centrale américaine peut en être affecté différemment, et cela ne serait pas sans conséquences sur la valeur du dollar, sur la croissance, l’inflation et la politique monétaire des autres pays.

On peut multiplier les scénarios de ce genre, même si certains sont beaucoup moins probables. L’Europe en sort rarement gagnante, mais les impacts restent très variables. Ce n’est donc pas juste par aubaine que l’élection présidentielle américaine retiendra l’attention des médias et des analystes dans les prochaines semaines. Il y a de véritables enjeux économiques aux États-Unis, bien sûr, mais aussi en Europe et dans le monde. C’est d’autant plus vrai que certaines propositions sont radicales et que les sondages restent incertains. Par conséquent, les marchés financiers n’ont pas intégré un scénario en particulier et réagiront donc forcément une fois les résultats connus.

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