Amid Faljaoui
Nvidia et le retour des vendeurs de pelles et de pioches
Les amateurs de Bourse connaissent bien cette histoire : il parait que pendant la ruée vers l’or aux Etats-Unis, ce ne sont pas les chercheurs d’or qui se sont le plus enrichis, mais les vendeurs de pelles et de pioches.
Cette histoire est en train de se répéter à un niveau hors norme avec l’intelligence artificielle. En effet, un nouveau record boursier a été battu par Nvidia ce mercredi, le champion mondial des puces graphiques servant à faire tourner les applications d’intelligence artificielle. Fondée par un immigré chinois, cette boîte américaine est entrée de manière fracassante dans le club très fermé des entreprises qui valent plus de 3000 milliards de dollars en Bourse. C’est le club le plus sélect au monde, car à part Microsoft et Apple, aucune autre entreprise ne passe ce seuil. Juste pour vous donner une idée, ce montant est supérieur à l’ensemble du poids de la Bourse de Paris !
Nvidia, le fabricant des puces destinées à l’intelligence artificielle, pèse donc plus que BNP Paribas, Carrefour, L’Oréal, Michelin, LVMH ou Pernod Ricard. C’est une vraie success-story à l’américaine, car cette entreprise Nvidia a été fondée suite à des réunions dans un fast food aux Etats-Unis. Il a fallu 18 ans pour qu’elle franchisse la barre des 100 milliards. Mais, c’était à l’époque où le grand public n’avait pas même connaissance de l’existence de l’intelligence artificielle.
Depuis lors, les choses se sont accélérées. En 2023, Nvidia valait déjà 360 milliards de dollars. 18 mois plus tard à peine, sa valorisation boursière passait à plus de 3000 milliards de dollars. Nvidia a donc brûlé la politesse à l’entreprise la plus iconique au monde; Apple. Ce qui est fou dans cette histoire, c’est que l’engouement pour cette action n’est pas prêt de s’arrêter, car, la ruée vers l’or – donc vers l’intelligence artificielle – continue. Le vendeur de pelles et de pioches qu’est devenu Nvidia va encore plus s’enrichir.
D’ailleurs, il y a un signe qui ne trompe pas. Sur les 72 analystes financiers recensés par l’agence financière Bloomberg et qui suivent cette action de très près, 65 recommandent encore cette action à l’achat. Les autres conseillent de la conserver en portefeuille. Pas un seul analyste sur la planète n’ose dire qu’il faut vendre l’action Nvidia. D’ailleurs, maligne comme un singe, la direction de Nvidia va permettre au plus grand nombre d’acheter ses actions. Aujourd’hui, elles sont en effet trop chères pour le commun des mortels, car elles cotent à plus de 1200 dollars l’unité. Que va faire la société pour les rendre plus accessibles ? C’est simple, elle va les diviser par dix. Autrement dit, au lieu de valoir 1200 dollars, l’action Nvidia grâce à ce tour de passe-passe magique sera disponible à 120 dollars seulement. Elle deviendra abordable pour monsieur et madame tout le monde, ce qui logiquement va encore contribuer à doper le cours de l’action.
Cette histoire suscite aussi des inquiétudes de la part des clients de Nvidia. Ils ne veulent pas dépendre d’un seul fournisseur. Chacun y va de sa solution pour ne plus être dépendant de ses pelles et pioches. Je leur souhaite “bonne chance”, car ce n’est pas si simple. Et même si les clients de Nvidia y arrivent, ça prendra du temps. Pendant ce temps, les dirigeants de Nvidia continueront à se frotter les mains. Ce qui est normal avec une marge nette de 60%, leurs business des puces graphiques à destination de l’intelligence artificielle est une manne tombée du ciel. C’est fou, généralement quand on fait du volume, c’est pour compenser la faiblesse des marges. Il n’y a qu’à penser au secteur de la distribution. Ici, c’est le double salto arrière, le volume et la marge sont colossaux. Bravo l’artiste !
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