Amid Faljaoui

Nous sommes entrés dans l’ère de l’économie de l’attention

L’époque est à la morosité. Les populistes de gauche et de droite en profitent pour gagner les sondages d’abord, et ensuite les élections.

Il faut dire que les nouvelles s’enchaînent et sont toutes aussi déplorables les unes que les autres. Entre le réchauffement climatique, les crises sociales, les crises géopolitiques, les bruits de bottes ici ou là, tout est fait pour provoquer l’angoisse au sein des populations, ce sentiment que c’est le déclin, que c’est la catastrophe et la montée de la violence dans le monde. Et si par malheur quelqu’un venait nuancer, ne serait-ce qu’un peu, cette vision du monde, il ou elle n’est pas écouté(e), car notre époque déteste et vomit la nuance (elle a besoin de castagne, de préjugés et de sentiments fort).

Comme le résumait fort bien l’éditorialiste Eric Le Boucher, les questions sont binaires : Palestine ou Israël ? Pour les pauvres ou contre les riches ?  Pour ou contre les fossiles ? Tout le monde est sommé de choisir, sans bien souvent avoir les connaissances qui vont avec une vraie et bonne réponse. Et certains médias, je ne parle même pas des réseaux asociaux, jouent aussi ce jeu morbide du parti pris. Normal, ce sont les partis pris les plus extrêmes qui provoquent le plus de clics, le plus d’audience, le plus d’engagements comme on dit, et donc le plus de publicité numérique.

Les médias, du moins certains d’entre eux sont devenus aussi des marchands de peur et d’angoisse, deux valeurs très monétisées par ces médias qui donnent des leçons aux réseaux asociaux alors qu’ils sont dans la surenchère avec eux. Normal, pour le pire et le meilleur, nous sommes entrés dans l’ère de l’économie de l’attention. Et notre attention, c’est prouvé scientifiquement adore le danger – c’est une survivance de temps ancien où le danger était partout – et notre cerveau adore hélas aussi la désinformation – et les algorithmes des réseaux sociaux en abusent à foison. Scotchés à scroller avec notre pouce sur des infos, qui défilent, sans queue ni tête, donc sans sens, sans direction, les gens ont l’impression d’un monde qui perd la boule.

La victoire des populistes en Belgique, aux Pays-Bas, en France, aux États-Unis, il ne faut pas la chercher plus loin, elle est le résultat de cette démotivation nationale. L’impression, souvent justifiée, que l’élite n’écoute pas. Soutenus, indirectement par une partie des médias, ils flanquent la trouille à des Belges ou des Français qui, si on regarde de près, ne vont pas aussi mal qu’on le répète à l’envi.

D’ailleurs, les bonnes nouvelles ne manquent pas, mais personne n’en parle, car elles ne sont pas engageantes, elles ne provoquent pas assez de clics. Je vous en cite 4 qui datent de cette semaine, je n’ai donc même pas triché. Exemple 1 : une société grenobloise développe un dispositif médical implantable pour freiner la maladie de Parkinson. Exemple 2 : un nouveau traitement à ARN Messager, co-développé par Moderna et Merck, réduit de 49% le risque de rechute et de décès contre un cancer de la peau. Exemple 3 : l’obésité va disparaître grâce à des labos comme Novo Nordisk, vous imaginez le soulagement de la sécurité sociale ? Et exemple 4 : le patron d’AstraZeneca sort le premier traitement préventif contre la bronchiolite pour les nourrissons en partenariat avec Sanofi.

Mais voilà l’époque aime broyer du noir et mâcher du fer. Dommage, car on devrait se rappeler que si les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes ont inventé le parachute.

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