Eddy Caekelberghs
Munich, d’hier et d’aujourd’hui
C’est déjà à Munich, en 1938, que Londres et Paris avaient lâché la Tchécoslovaquie aux appétits féroces d’Adolf Hitler. Le dictateur nazi s’était pourtant “engagé” à se satisfaire des territoires où vivaient des locuteurs germanophones : la fameuse région des Sudètes. Ce qui n’empêchera pas le führer de finalement se dédire. Le sort de Prague s’est scellé sans les Tchèques à table. Et l’on connaît la suite. Comme le dira peu ou prou Winston Churchill à son futur prédécesseur au poste de Prime Minister, Neville Chamberlain : “Vous avez eu le déshonneur et vous aurez la guerre”.
Et nous voilà aujourd’hui au même point, plus loin même, puisque non seulement l’Ukraine n’a pas été conviée aux discussions, mais l’Union européenne en est absente également. Bravo. Et les pourparlers de Paris constituent une façade bien timide pour une Union tout autant de façade.
On aura beau dire que les entrevues de Riyad ne concernent “que” le rétablissement des rapports et liens entre les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie, il n’empêche… Ce sont précisément ces boycotts américains et les soutiens militaires apportés par l’Oncle Sam qui donnaient sens à l’Otan et au soutien envers Kiev. Rien de moins. S’il fallait une confirmation des liens structurels forts qui existent entre Donald Trump et le régime russe, nous l’avons à présent. Comme un avertissement. Jamais plus, pendant ce mandat de quatre ans, Washington ne lèvera le petit doigt, commercial ou militaire, si son intérêt vénal n’est pas en jeu.
Pire : la prédation américaine façon Trump est à l’œuvre. Les terres rares et autres richesses du sous-sol ukrainien sont revendiquées en guise de remboursement de l’effort consenti. Un peu comme le sort qui avait jadis été réservé à l’Allemagne en 1918, sauf qu’à l’époque, il s’agissait de lui faire payer SA guerre. Un peu comme si nos pays s’étaient endettés pour des siècles au titre du Plan Marshall d’après-guerre.
Jamais plus, pendant ce mandat de quatre ans, Washington ne lèvera le petit doigt, commercial ou militaire, si son intérêt vénal n’est pas en jeu.
Mais c’est peut-être ce que nous avons fait, en fin de compte. En créant ici, en nos pays européens, une mentalité de vassal, d’assistés permanents, sous perfusion des produits et modèles américains. Civils comme militaires. Pour expier NOS guerres.
Exit tous les “La Fayette, nous voilà !” Si nous refusons de voir l’évidence en face, au moins ayons la dignité et le panache d’en tirer les conclusions. L’Europe est faible, voire inexistante, au chapitre de la défense, et même au chapitre industriel. La mondialisation de la production vitale nous a mis genoux à terre. Et trois années de guerre, dans la foulée de trois ans de covid, n’y ont manifestement rien changé.
Les rapports Otan, allemands, suédois et autres, qui tous tirent la sonnette d’alarme, n’ont pas raison de notre cécité volontaire. Alors nous aurons, et la guerre, et le déshonneur, de même que l’horizon brutal dessiné par deux de nos désormais farouches dépeceurs : Moscou et Washington. Pauvre de nous…
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