Moins de distributeurs de billets = mort programmée de notre liberté
J’ai été interpellé dimanche dernier en lisant le communiqué de presse du PTB. Notre parti communiste bien aimé défend l’accès au cash qui, comme vous le savez, devient rare en Belgique, vu qu’il y a de moins de moins de distributeurs de billets.
La Belgique compte 4000 distributeurs de billets de banque en moins depuis 2017. En bonne logique, le PTB voudrait que les autres partis politiques se rallient à sa cause : à savoir qu’il faudrait bétonner légalement l’accès au cash en faisant en sorte qu’il y ait un distributeur de billets à maximum 15 minutes à pied en ville.
Soit, mais revenons à la disparition programmée et volontaire des distributeurs de billets : elle est voulue par les banques qui justifient la fermeture de ces automates sous divers prétextes. Le premier ? En Belgique, moins d’un paiement sur deux se ferait encore en liquide et leur deuxième argument, c’est que la moitié des Belges n’ont généralement en poche qu’entre 0 et 20 euros au maximum. Et le troisième argument, c’est que tout ce cash, sa manipulation et son stockage coûtent de l’argent aux banques. Quant au quatrième argument, répété ad nauseam, surtout par le gouvernement et le fisc, c’est que le cash serait une source de fraude fiscale et de financement du terrorisme. Bref, le cash à l’époque du paiement électronique et du paiement sans contact n’aurait plus aucun avenir. RIP ! Le défendre, c’est être ringard ou alors, c’est qu’on fraude.
D’ailleurs, ce pays qu’on appelle la Belgique et qui affirme être une démocratie interdit tout paiement en liquide au-dessus de 3.000 euros. Bon, je ne sais pas si le PTB sera sensible à mes arguments, car moi, au-delà des aspects d’accessibilité défendus par le PTB, je pense que le cash est surtout l’un des derniers attributs de notre liberté. C’est comme l’eau et l’air, on croit qu’ils sont acquis, qu’ils sont gratuits, et patatras, on découvre que ce n’est plus vrai. D’abord, une société sans cash (ce vers quoi on nous dirige comme des ânes et sans nous le dire évidemment) est une société totalitaire dans laquelle l’Etat saura tout de nous. Y compris si nous avons offert un bonbon à nos petits-enfants avec notre épargne. Quant aux banques, elles n’auront plus peur qu’en cas de panique bancaire, nous puissions retirer notre argent, il n’y aura plus d’argent liquide, point barre ! Et pour le fisc, la société sans cash, c’est le paradis sur terre. Un fonctionnaire pourra – par clavier interposé – nous couper de notre argent comme le faisait remarquer l’économiste Simone Wapler, grande spécialiste de cette question.
Quant aux arguments des coûts de manipulation et de stockage pour les banques, ils prêtent à sourire. Comme si la mise en place de systèmes de sécurité informatiques pour éviter les cyberattaques était gratuite ? La preuve, plusieurs banques ont été victimes d’attaques de ce genre. Quant à l’argument de la fraude liée à l’utilisation du cash, c’est vrai, les fraudeurs adorent le cash, mais comme le précise aussi Simone Wapler, les fraudeurs utilisent aussi les autoroutes, les réseaux téléphoniques et quand ils sont malades, ils prennent comme vous et moi des médicaments. Ne devrait-on pas interdire aussi les réseaux routiers, le téléphone et restreindre l’accès aux médicaments tant qu’on y est ? Soyons clairs, toute cette histoire autour du cash n’a qu’un seul but : éviter l’évasion fiscale. C’est le vrai sujet dont on ne vous parle pas !
Le PTB n’en parle pas dans son communiqué, car il est axé sur l’accessibilité du cash pour ses électeurs. Il a tort, car cette société sans cash va surtout tuer ses électeurs en premier. Le cash comme l’écrit joliment Simone Wapler est la porte dérobée des « petits », des plus faibles, des plus démunis, car rassurez-vous, les vrais fraudeurs, eux, n’ont pas besoin de cash. Normal, ils peuvent monter des sociétés-écrans, des sociétés à l’étranger et ni vu ni connu. En réalité, ce débat est mort-né et n’aura qu’une seule fin : la mise sous tutelle de la population via le contrôle de son épargne. Avec à la clé, une misère encore plus grande dans le secteur Horeca qui souffre déjà l’absence de cash pour ses serveurs. Pire, allez au centre-ville et parlez avec un mendiant de l’absence de cash. Lui il sait ce que c’est. Personne n’a une pièce à lui filer pour sauver sa journée ! Vous voyez le cash, c’est plus qu’une question de nombre de distributeurs, c’est notre liberté, notre dernier rempart contre un éventuel gouvernement dictatorial.
J’exagère ? Relisez la prose du FMI. Après la crise financière de 2008, ses économistes préconisaient de supprimer l’argent liquide. La raison ? Il suffirait selon ces apprentis sorciers d’instaurer un taux négatif exceptionnel de X % sur les dépôts en banque et la crise est terminée. Ou plutôt épongée. Et impossible de mettre son argent à l’abri ailleurs, car toutes les banques seraient logées à la même enseigne. L’argent numérique, eh oui, peut aussi devenir une prison pour notre épargne. Le reste, les chiffres des uns et des autres pour justifier la mort programmée du cash me font penser à une jolie phrase de l’un de mes lecteurs: « les chiffres sont des innocents qui avouent sous la torture ».
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