Amid Faljaoui
Menaces sur l’OTAN : pourquoi l’Europe peut dire merci à Donald Trump
L’ancien président Jacques Chirac avait une formule-choc pour décrire notre indifférence au réchauffement climatique. Il disait « notre planète brûle et nous regardons ailleurs ». Aujourd’hui, après les menaces de Donald Trump d’abandonner la défense automatique des pays de l’OTAN, les citoyens européens découvrent que « leur maison brûle et qu’ils continuent de dormir ».
En tant qu’Européens, nous dormons debout et rêvons d’un monde disparu, chloroformés que nous sommes par ce que nous avons connu entre 1945 et 2022, la plus longue période de paix depuis l’Empire romain.
Or, il faut oser le dire et le répéter, la paix nous en avons profité grâce à la protection des Américains. Bien sûr, on peut s’offusquer des propos de Donald Trump qui agit à l’encontre des pays de l’OTAN comme un propriétaire de terrain de golf qui interdit son accès aux membres qui ne sont pas en ordre de cotisation. C’est évidemment choquant, car il s’agit ici de la défense de l’Europe et de ses citoyens face à la Russie.
Mais sur le fond, ce qui étonne, c’est l’étonnement des Européens. D’abord parce que Trump avait déjà menacé de se retirer en quelque sorte de l’OTAN en 2017. A ce moment, nous avons tous ouvert un œil. Hélas, nous nous sommes vite rendormis. D’ailleurs, soyons de bon compte, même Barack Obama qui a été la coqueluche des médias et des chefs d’État européens avait aussi mis la pression sur les Européens en 2014 pour qu’ils s’engagent à au moins investir 2% de leur PIB dans la défense d’ici à 2024.
Nous sommes en 2024 et seulement 11 pays sur les 31 pays membres de l’OTAN ont rempli cet objectif. La Belgique, par exemple, toujours prompte à s’offusquer a fait des efforts, mais nous sommes toujours sous le seuil des 2%. Conclusion : malgré les appels sympathiques de Barack Obama et moins sympathiques de Donald Trump, l’Europe reste en partie amorphe et dépend donc dangereusement des États-Unis pour sa sécurité.
La base de la pyramide de Maslow n’est pas respectée. Au final, Donald Trump nous a, en réalité, rendu service. Il a rappelé à nos gouvernants que nous devons investir plus et mieux dans notre propre défense. Les diplomates les plus cyniques diront que même l’administration Biden risque, elle aussi, de se détourner un jour de notre vieille Europe pour affronter le défi chinois.
N’oublions pas que l’élite américaine n’est plus d’origine blanche, protestante et européenne (WASP) : la nouvelle élite américaine est constituée aujourd’hui de personnes originaires d’Inde et d’Asie. Ce sont eux qui sortent les premiers des meilleures universités américaines. Ces personnes n’ont aucun ancêtre ou racine commune avec notre bonne vieille Europe. On l’avait déjà vu avec Barack Obama qui avait consacré peu de temps et d’attention à l’Europe. Techniquement, l’Europe dépendra encore pendant quelques années de l’OTAN. Pour reprendre la formule du ministre des affaires étrangères français, nous devons muscler notre industrie de la défense pour nous fabriquer une « deuxième assurance-vie ».
Encore faut-il que les banques soutiennent cet effort de guerre. Avec les contraintes ESG, les banquiers et les gestionnaires de fonds d’actions sont littéralement empêchés ou freinés de prêter à l’industrie de l’armement. Il faudra bien résoudre ce paradoxe. Pour le reste, gardons à l’esprit que les Américains disent souvent « Feedback is a gift ». Donald Trump nous a donné un fameux feed-back. Même l’Allemagne s’est réveillée. Merci, Donald !
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici