Rudy Aernoudt

L’intelligence artificielle est-elle un obstacle ou une opportunité?

Selon Machiavel, les entrepreneurs font la distinction entre une opportunité et un obstacle, et parviennent à utiliser les deux à leur avantage. En ira-t-il de même pour l’intelligence artificielle ? Je pourrais demander à l’IA générative d’écrire une chronique en imitant mon style sur un sujet particulier ou même de réaliser un clip vidéo de l’une de mes chroniques. Je pourrais aussi lui demander de composer une symphonie dans le style de Bach ou de Mozart. Une expérience a ainsi été menée à la VUB où l’on a montré à l’IA plusieurs tableaux de Van Gogh. Sur cette base, l’ordinateur pouvait dessiner n’importe quel sujet dans le style de Van Gogh. Aucun connaisseur en art n’a pu faire la différence entre un tableau de Vincent Van Gogh et un Van Gogh généré par l’IA. Les écrivains, les artistes, les compositeurs, les rédacteurs et autres observent donc avec grande méfiance les progrès de l’IA. 

Chaque entreprise devrait prendre en compte l’impact de l’IA dans son analyse de risque. Si cette prise de conscience existe, l’IA est surtout et de plus en plus perçue comme une menace. Une enquête menée par Arize AI, une plateforme de recherche sur les informations publiques des entreprises, a révélé que 56 % des grandes entreprises considèrent l’IA comme un risque pour leurs activités. L’année précédente, en 2022, ce chiffre n’était que de 9 %. Une minorité, seulement 30 %, considère l’IA comme une opportunité. Et l’IA générative est considérée comme un risque par deux entreprises sur trois. 

Au-delà des risques purement commerciaux, il y a aussi les aspects éthiques, notamment en ce qui concerne la collecte de données et la protection de la vie privée. Les droits intellectuels n’échappent pas non plus à l’engouement pour l’IA. Reprenons notre exemple de Van Gogh évoqué plus haut. Si l’IA dessine un vase de fleurs dans le style du peintre néerlandais, à qui reviennent les droits de propriété ? Et s’il s’agit d’artistes vivants. Si, par exemple, l’IA compose des morceaux inspirés du style de la musicienne classique Annelies Van Parys ou de Stromae, et qu’ils sont ensuite enregistrés via Spotify où n’importe quel auditeur pourra les entendre. A qui reviennent les droits de propriété ? 

Oui, nous sommes bel et bien sur la voie d’un meilleur des mondes, piloté par l’IA et sans intervention humaine.

Enfin, pouvons-nous être aussi émerveillés par les talents d’une machine que par les réalisations du cerveau humain ? Ou bien serons-nous soumis à un lavage de cerveau, comme dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley ? 

Contrairement aux entreprises, les investisseurs considèrent l’IA comme l’opportunité du siècle. A titre d’exemple, le cours de l’action de Nvidia, le fournisseur de puces puissantes pour effectuer le travail de calcul derrière l’IA, a triplé en un an. Si l’on confronte l’euphorie des investisseurs aux risques perçus par l’entreprise, on constate donc une grande divergence en termes d’attentes. 

Devrions-nous donc continuer à investir dans des actions ou des ETF liés à l’IA ? Peut-être l’IA peut-elle nous renseigner ? Après tout, une enquête a montré que 40 % des investisseurs s’appuient sur les conseils de l’IA et lui font confiance pour leurs investissements. Et de nombreux gestionnaires de fonds de placement utilisent également l’IA pour gérer leurs investissements. Les fonds de capital-risque l’utilisent pour leurs vérifications préalables. Et les résultats préliminaires de l’Université de Chicago, qui a construit un portefeuille d’investissement basé sur les conseils de l’IA, ont montré que les ordinateurs sont plus aptes que les humains à sélectionner des actions qui surperforment le marché. Oui, nous sommes bel et bien sur la voie d’un meilleur des mondes, piloté par l’IA et sans intervention humaine.

L’intelligence artificielle est présente dans la plupart des secteurs, ou presque, avec ses partisans et ses détracteurs, mais quel est son impact?

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