Amid Faljaoui

L’inflation baisse, mais pas autant que nécessaire: la faute à qui?

Il n’y a pas qu’autour de la méditerranée qu’il fait chaud. En Bourse aussi, la température monte.

La semaine dernière, les marchés européens ont ainsi signé leur meilleure semaine depuis 3 mois. Grâce à l’inflation qui a baissé aux États-Unis. Elle a même été divisée par deux par rapport à 2022 et est aujourd’hui de 3% en rythme annuel aux États-Unis contre 8% en 2022. C’est aussi l’état de grâce pour Wall Street. L’indice S&P 500 et le Nasdaq y sont au plus haut depuis 15 mois.

En Europe, l’inflation est encore autour de 5.5%. Si c’est un chiffre plus élevé qu’aux États-Unis, cela n’a rien d’anormal puisque la banque centrale européenne a commencé à lutter contre l’inflation avec plusieurs mois de retard sur les USA. Ce retard est dû au fait que l’inflation a d’abord été niée par notre banque centrale européenne. Ensuite, ses dirigeants ont estimé qu’elle était temporaire. Et quand ils se sont aperçus qu’ils s’étaient trompés, cela a été la panique à bord. Cela n’est seulement qu’à ce moment-là que la banque centrale européenne a commencé à augmenter ses taux d’intérêt pour casser l’inflation. Et nul doute qu’on y arrivera aussi en Europe. Tous les économistes sérieux vous le diront : entre le moment où une banque centrale augmente ses taux et le moment où ces derniers ont de l’effet, il faut compter entre un an et un an et demi pour voir l’impact sur l’économie réelle. Or, aux États-Unis cela fait maintenant 16 mois que la hausse des taux a débuté. Il est donc logique que l’inflation baisse comme elle l’a fait ces derniers mois. C’est le signe que la logique des manuels économiques est enfin respectée.

Mais qu’on ne s’y trompe pas pour autant: la hausse des taux n’est pas terminée. Pourquoi ? Parce que malgré la baisse de l’inflation, celle-ci n’est pas assez significative aux yeux des banquiers centraux qui pilotent nos taux d’intérêt. Alors oui, les prix de l’énergie ont baissé tout comme ceux de l’alimentation. Mais celle-ci n’est pas aussi forte que souhaité. La faute à qui ? Et oui il s’agit bien d’une« faute », car toute explication a besoin d’un coupable. Et ce coupable est tout désigné. Les uns diront que c’est la faute aux entreprises qui n’ont pas pu augmenter leurs prix pendant des années et se rattrapent aujourd’hui. L’inflation leur sert de prétexte pour augmenter leurs marges au-delà du raisonnable. Et cette accusation ne vient pas d’un parti de gauche, mais bien de la banque centrale européenne elle-même.

Ensuite, il y a ceux qui blâment les salariés. Ils estiment que ceux-ci ont, profitant de la tension sur le marché de l’emploi, demandé une augmentation de leur salaire. C’est ce que les économistes appellent l’inflation de second tour. Qui est d’autant plus problématique, qu’à l’inverse du gaz ou du pétrole qui peut baisser après avoir augmenté, les salaires eux ne peuvent pas revenir en arrière. Une hausse des salaires c’est un voyage sans retour.

En réalité, les deux visions sont justes, mais doivent être nuancées.  Ainsi la hausse des salaires est souvent inférieure à l’inflation. Et comme il y a un ralentissement économique, cette tension sur le marché de l’emploi va se résorber et les salaires reviendront à la « normale ». Quant aux entreprises, elles ne peuvent pas continuer à augmenter leurs prix indéfiniment puisqu’elle entraîne une baisse de la demande.

En conclusion, l’inflation devrait encore bel et bien baisser, lentement mais surement, d’ici quelques mois. Et il est donc effectivement, sauf surprise, fort possible que les taux d’intérêt puissent baisser au milieu de l’année 2024. Et si depuis 3 ans la vie n’a pas été avare de surprises, n’oublions pas que le bonheur, ce n’est pas la destination, mais le chemin qu’on parcourt pour y arriver. De quoi, avant de s’inquiéter pour demain, savourer cette information positive.

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