Amid Faljaoui

L’IA va permettre d’automatiser 60 à 70% des tâches qui occupent les cadres aujourd’hui

Si vous vous demandez pourquoi l’inflation ne baisse pas aussi vite que prévu, ne cherchez pas un coupable : c’est la chanteuse Beyoncé ! Vous vous dites que je plaisante, mais pas du tout.

C’est la banque centrale de Suède qui a fait les calculs et qui estime que les 2 concerts de la chanteuse américaine organisée à Stockholm au début du mois ont fait augmenter à eux seuls les prix des nuitées d’hôtel et les prix des restaurants. C’est le très sérieux Financial Times qui relate cette histoire qui, à mon avis, est unique à la Suède. Enfin je l’espère, car Beyoncé est en tournée européenne et je ne vois pas la banque centrale augmenter ses taux d’intérêt pour interdire à Beyoncé de chanter devant ses fans. En revanche, un sujet plus sérieux, c’est le télétravail. On n’en parle plus, car il est entré dans les mœurs depuis l’arrivée du Covid. Les salariés plébiscitent le télétravail et certains patrons font avec, à défaut d’être enthousiastes. De toute façon, comme le marché de l’emploi est tendu (ce qui reste encore un mystère alors que l’économie n’est pas au mieux de sa forme), le rapport de force est en faveur des candidats qualifiés. N’importe quel DRH vous le dira nous sommes passés d’un marché du travail de la sélection à un marché du travail de la séduction. Il faut donc séduire les candidats pour les inciter à venir travailler chez vous, et le télétravail est un atout bien évidemment.

Sauf qu’aujourd’hui, avec le recul, des études montrent que le télétravail ne favorise pas la créativité. Selon l’université américaine de Standford, les outils de communication à distance ont un impact négatif sur la créativité des entreprises. L’étude parle même d’une diminution de 13% des idées créatives en visioconférence comparée à des réunions en présentiel. C’est une demi-surprise, là encore, n’importe quel scientifique ou chef d’entreprise vous le dira, on innove jamais seul, c’est toujours un travail d’équipe. Et pour ça, il faut que le siège de l’entreprise garde son aura, son potentiel d’attraction notamment pour les personnes nouvellement engagées. Mais le présentiel ne suffit pas à lui seul à tout résoudre, il faut aussi tenir compte de notre aptitude à partager nos idées, à écouter et à prendre en compte des opinions ou des avis différents. Il ne suffit pas de mettre des personnes dans un bâtiment pour que ce capital social se construise comme par magie, d’où l’importance de l’encadrement.

Mais, selon la dernière étude du consultant McKinsey, l’IA va permettre d’automatiser 60 à 70% des tâches qui occupent les cadres aujourd’hui. Le rapport, par prudence, n’en tire pas de conclusions hâtives, mais si 60 à 70% des tâches réalisées par des cadres de moyen et haut niveau sont susceptibles d’être automatisées, que va devenir le travail de demain ? McKinsey, toujours aussi prudent, se contente de dire qu’il faudra soutenir les travailleurs pour qu’ils changent de job ou d’activité. Il fut une époque où des politiques libéraux comme Nicolas Sarkozy répétaient à l’envie « qu’il faut travailler plus pour gagner plus ». Mais comme le fait remarquer l’excellent commentateur Marc Fiorentino, d’accord, mais avec l’IA, on ne pourra pas travailler plus. Alors qu’est-ce que l’on va faire? Bonne question à laquelle, je n’ai pas de réponse. Et si vous en avez une, n’hésitez pas à la partager. Moi je suis plutôt en mode point d’interrogation.

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