L’exaspération montante d’une partie du peuple israélien pourra-t-elle sonner la fin de l’ère Netanyahou ?

Benjamin Netanyahu
Eddy Caekelberghs
Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

Quand on aborde la politique israélienne, on le fait sur la pointe des mots tant cela déchaîne de passions. A Jérusalem siège un homme qui devrait comparaître devant la justice de son pays avant même de rendre des comptes à la CPI. Netanyahou n’est plus que l’expression d’un hyper morcellement politique. Fractionnements et divisions qui permettent aux extrémistes religieux et à l’extrême droite de venir en aide à celui qui – cherchant à troquer les tribunaux pour une immunité gouvernementale – mérite le surnom de “Berlusconi du Jourdain”.

Depuis des mois, il camoufle son incurie, sa décision de détourner les regards de Gaza vers Ramallah et ses ambitions néocoloniales qui ont laissé le champ libre au pogrom du 7 octobre perpétré par le Hamas. Depuis, il excite les passions et les envies de revanche de ses compatriotes dans une guerre à outrance, où tout règlement en faveur des otages est devenu portion congrue. La rue israélienne ne s’y trompe pas. Ils et elles sont des dizaines de milliers à manifester contre ce déni. La toute puissante centrale syndicale Histadrout a appelé à une grève générale de protestation. Jusqu’ici en vain …

Certes, la responsabilité est d’abord israélienne. Certes le conflit est plus vaste que la question humanitaire des populations respectives et des otages. Certes, il nous faut nous méfier d’importer ici ce qui regarde là-bas. Mais cela n’aurait, en aucun cas, dû permettre aux partis “miroirs” d’ici (oserait-on encore les appeler “partis frères” ?) et aux syndicats de se désolidariser de tout contact avec leurs homologues là-bas. Israéliens et Palestiniens. En les laissant seuls, en les confrontant au sentiment d’abandon ou en tous cas de solitude, on ne favorisera jamais l’examen et l’objectivation des solutions.

Préférer le dialogue au boycott. Et cela vaut aussi ici pour les médias et canaux d’information, trop souvent parcellaires, trop souvent manichéens. Il n’y a pas d’unanimité israélienne, pas de société unie derrière un quelconque leader. Lorsque Benny Gantz claque la porte d’un gouvernement d’union nationale post-7 octobre, il le fait parce qu’il refuse que Bibi n’ait pas de plan pour “l’après”. “C’est ce qui explique pourquoi, selon les sondages Netanyahou perdrait sa majorité à la Knesset si des élections se tenaient aujourd’hui. Le peuple israélien, habitué aux conflits, a d’ores et déjà compris qu’une guerre sans objectif réaliste ne pouvait être gagnée”, commentait le quotidien allemand Die Welt. “Les grandes marches de protestation, suivies d’une grève générale, ont mis à nu un profond clivage au sein la société israélienne, opposant les défenseurs de négociations avec le Hamas d’un côté et les partisans d’une lutte impitoyable contre le groupe terroriste de l’autre”, développe El Mundo à Madrid.

L’exaspération montante d’une partie du peuple israélien pourra-t-elle sonner la fin de l’ère Netanyahou ?

L’exaspération montante d’une partie du peuple israélien pourra-t-elle sonner la fin de l’ère Netanyahou ? Même si les voix de ceux qui favorisent la poursuite des combats après une trêve restent très fortes. En tout état de cause, les manifestations qui ont débuté à Tel-Aviv, avant de gagner le pays, témoignent qu’un changement de paradigme est possible. Il faut le saluer.

Un jour, forcément, une solution économique s’imposera au développement des populations concernées : Israéliens, Jordaniens, Palestiniens ou Syriens et plus, une communauté économique comme notre ancienne CEE. Non pas via le charbon et l’acier. Mais avec les technosciences et autres IA en toile de fond. Et – pourquoi pas ? – basée sur l’eau, l’or bleu par exemple. Pour mettre fin au déni du Jourdain.

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