Amid Faljaoui
L’Europe face à la maison des 3 fous de Donald Trump
L’élection de Donald Trump est un électro-choc. Mais comme le faisait remarquer Emmanuel Macron, ce n’est ni une catastrophe, ni un réveil salutaire. D’abord, parce que c’était prévisible, et ensuite, parce que l’administration Biden ne faisait pas de cadeau non plus à l’Europe. Et donc, au final, l’arrivée de Trump à la Maison Blanche est surtout une accélération de la pression sur notre vieille Europe – que faire ?
A cette question, les européens ont déjà une réponse, très documentée. C’est un rapport de 400 pages rédigé par Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale et qui non seulement liste tous les problèmes de l’Europe, mais donne aussi des pistes de solution. Donc, on ne peut pas dire qu’on ne sait pas ce qu’il faut faire – que du contraire. Dans les bonnes nouvelles de ce rapport – qui je le rappelle est disponible sur le web gratuitement – il y a le rappel que nous autres Européens avons des atouts : nous avons des talents, nous avons une épargne abondante, nous avons de l’énergie décarbonée, et nous avons un modèle social et démocratique solide.
Voilà pour le constat rapide. Mais regardons les talents : ils sont là, ils sont formés par le contribuable européen, mais les plus doués sont happés par les firmes technologique américaines qui savent mettre sur la table le salaire qu’il faut et surtout l’écosystème motivant. La plupart des ingénieurs qui sont à l’origine du développement de l’IA sont d’origine étrangères et notamment européenne mais voilà, ils ont préféré vivre et travailler aux Etats-Unis.
Prenons le deuxième atout de l’Europe, son épargne : c’est simple, là aussi, elle part chaque année aux États-Unis, on parle de 300 milliards d’euros par an ! D’ailleurs, les riches en Europe ont des actions américaines et pas européennes, ce qui veut dire que notre épargne traverse l’Atlantique pour financer des entreprises américaines et pas européennes. Pire encore, grâce à cette épargne européenne, les entreprises américaines peuvent racheter nos fleurons industriels. Et ce n’est pas tout, ce hold-up sur l’épargne européenne risque de s’aggraver avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, vu les mesures qu’il veut mettre en place.
L’autre handicap de notre vieille Europe, c’est qu’elle n’aime pas le risque. Et comme le faisait remarquer à mes confrères du Figaro, Henri de Castries, l’ancien PDG d’AXA au niveau mondial, notre manque d’appétit pour le risque est un handicap, car il n’y a pas de croissance sans prise de risque. Et il ajoute : « lorsqu’un scientifique ou un industriel cherche quelque chose de nouveau, il met en risque son temps, sa réputation et ses ressources ». Mais surtout, il « accepte la probabilité d’un échec. Or, refuser l’échec, qui est une autre facette de ce refus du risque, c’est mortifère. Si on accepte pas de perdre, les chances de gagner diminuent ».
En fait, les États-Unis fonctionnent comme une maison à trois étages occupée par des fous : au rez-de-chaussée, il y a un fou qui ose lancer une innovation, un nouveau produit, un nouveau service. Au premier étage, il y a un autre fou qui ose financer les projets du premier fou. Et au deuxième étage : il y a un troisième fou qui accepte d’acheter les actions de la société crée par le premier fou. Voilà pour le constat, et vous, est-ce que vous le partagez aussi ?
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