L’Europe comme bouclier : pourquoi l’Union européenne est-elle souvent ignorée malgré ses bienfaits?

Europe drapeau
© Getty Images
Amid Faljaoui

Les réseaux sociaux ne sont pas là pour nous informer, certains médias non plus, d’ailleurs.

Ces médias savent que ce qui fait cliquer les gens, c’est la psychologie de base. Dans le jargon des médias, on appelle même ces informations des « putes à click ». Excusez-moi de l’expression, mais elle vous donne une idée de la fonction première de ces articles putassiers dont l’unique fonction est de nous garder scotchés sur le site web du média en question afin de vendre nos données personnelles aux annonceurs comme vous le savez.

Pour le moment, en-dehors des prévisions économiques et boursières, l’exercice à la mode en ce moment consiste à nous faire peur. Par exemple en nous disant que 70 pays vont voter en 2024, soit 4.2 milliards de personnes. Mais au lieu de s’en réjouir, on nous dit que le monde risque de basculer dans la radicalisation, voir même certains votes risquent de susciter de nouvelles guerres. C’est normal, les prophètes de malheur ont de l’écoute, car les mauvaises nouvelles, ça a été prouvé scientifiquement, voyagent 6 fois plus vite que les bonnes. Malheureusement, comme le dit l’ancien proverbe, ce qui fait du bien ne fait pas de bruit et ce qui fait du bruit ne fait pas de bien.

Ce qui fait du bien et ne fait pas de bruit, par exemple, ce sont les 25 ans de l’euro. L’anniversaire est passé quasi inaperçu durant la nuit du 31 décembre dernier. Imaginez qu’on ait oublié de fêter vos 25 ans, vous aussi vous ne seriez pas content, non ?

C’est pourtant grâce à l’euro et à la présence de la banque centrale européenne que nous avons pu réduire l’inflation de moitié et la ramener sans doute fin 2024 vers l’objectif des 2%. Je vous rappelle que sans l’euro, nous n’aurions pas pu survivre à la crise financière de 2008 ou à la crise de la dette publique provoquée par la faillite de la Grèce en 2010-2012. Mais voilà, hélas, ce qui fait du bien ne fait pas de bruit dans les médias.

En revanche, ce qui fait du bruit ne fait pas de bien, et ça, les Britanniques le savent bien. Ils ont écouté des marchands de rêve, des populistes de la droite radicale qui leur ont dit qu’en quittant l’Union européenne, ils allaient reprendre leur destin en main et qu’ils en sortiraient plus riches. Au final, en ce début d’année, le Brexit, c’est une croissance économique plus faible que dans la zone euro, ce sont des ménages étranglés par une inflation plus forte que sur le continent, ce sont des taux d’intérêt plus élevés que dans l’Union européenne, ce sont aussi des pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs clés comme la santé, l’agriculture, les restaurants, les transports et divers services. Tout ça, pourquoi ? Parce que le Brexit a impliqué le départ d’un million d’Européens, souvent originaires des pays de l’Europe de l’Est. C’est comme dans l’histoire du regretté Fernand Reynaud avec ce village français qui ne voulait plus d’immigrés et qui du jour au lendemain se retrouve sans boulangerie, et donc sans pain, car le boulanger était…. Immigré.

A défaut d’être parfaite, l’Europe est un bouclier pour les citoyens. Mais qui s’en soucie, car ce n’est pas une nouvelle négative. Ce qui me fait penser à cette magnifique phrase : j’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant.

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