Amid Faljaoui

Les déboires de Hertz, métaphore du débat entre la fin du mois et la fin du monde 

La COP 28 s’ouvre ce jeudi, celle qui devrait acter des mesures exceptionnelles sans plus attendre. En tout cas, c’est le vœu public du secrétaire général de l’ONU. Espérons qu’il sera entendu. Hélas, l’actualité montre que la lutte contre le réchauffement climatique, bien que nécessaire, n’est pas un long fleuve tranquille.

Démonstration avec le loueur de voitures Hertz. Voilà une entreprise qui, comme ses concurrents, a connu les pires problèmes pendant la période du COVID. Imaginez ces milliers de voitures bloquées dans un parking pendant des mois, il y avait de quoi pousser, à l’époque, tous ces loueurs au bord de la faillite. Hertz fait partie des rescapés de cette immense crise. Ses dirigeants ont vu grand durant la sortie de crise. En octobre 2021, Hertz a même annoncé une commande de 100.000 Model 3 à Tesla. L’idée était de verdir son parc automobile à très vive allure. Le potentiel s’annonçait et s’annonce toujours d’ailleurs énorme vu le nombre de villes qui veulent et exigent même de la mobilité décarbonée. Une ville comme New York impose d’ailleurs aux VTC de type Uber de rouler avec des voitures électriques à partir de 2030. 

Mais, entre ce que j’appelle les raisonnements de type tableau Excell et la réalité, il y a malheureusement un immense gouffre qui fait souvent déraper les meilleures prévisions. Récemment encore, le PDG de Hertz a expliqué qu’il était en quelque sorte déçu de son deal avec Tesla. Il ne l’a pas dit comme ça, mais son cours de bourse parle pour lui. L’action Hertz a perdu trois quarts de sa valeur en deux ans.

Les raisons de cette déception sont aujourd’hui bien documentées. D’abord, si à l’entretien, les voitures électriques s’avèrent moins chères que les voitures thermiques, Hertz a aussi constaté une hausse des collisions et réparations de dommages sur ses voitures électriques. Or, le souci, c’est que de l’aveu même du patron de Hertz, les réparations sont deux fois plus chères que pour une voiture thermique, la faute notamment au prix des pièces détachées. Hertz met d’ailleurs en ce moment la pression sur Tesla pour diminuer ses prix.

L’autre souci de Hertz, c’est que Tesla s’est lancé dans une guerre des prix avec ses concurrents. Quand les prix baissent, la valeur résiduelle, la valeur de revente de ses propres voitures baisse aussi mécaniquement. Hertz est donc aujourd’hui à la tête d’un parc de Tesla acheté près de 1.5 milliard de dollars, mais dont la dépréciation théorique approche les 300 millions de dollars.

Et comme si ce n’était pas assez, Hertz a eu la bonne idée, à l’époque, de nouer un partenariat avec Uber pour lui louer une partie de sa flotte électrique. Sur le papier, l’idée était excellente. En pratique, on a constaté plus d’accidents avec ces voitures électriques qu’avec les thermiques. Les coûts de réparations se sont révélés plus élevés que prévu. On le savait bien, les voitures de location sont parfois maltraitées par les clients sauf que sur les électriques, les coûts de réparation sont plus importants. Résultat : le PDG de Hertz a annoncé que le calendrier du verdissement de sa flotte n’était qu’indicatif. Il n’est pas sûr de pouvoir le respecter. Autrement dit, que ce soit pour Hertz, une autre entreprise ou un simple ménage, la fin du monde se heurte parfois à la fin du mois. Et bien souvent, c’est la fin du monde qui doit attendre, hélas, triple hélas… 

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