Amid Faljaoui
L’envolée du Bitcoin et le spectre des « barons voleurs »
Le Bitcoin frôle les 100.000 dollars après la démission de Gary Gensler, patron de la SEC. Sous la pression de Donald Trump, ce départ pourrait marquer un tournant pour les cryptos, entre envolée des marchés et craintes d’un retour des « barons voleurs ».
C’est officiel : Gary Gensler, le patron de la SEC (Securities and Exchange Commission), a démissionné. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais son départ a électrisé le petit monde de la cryptomonnaie. Pour rappel, la SEC est l’autorité qui régule les marchés financiers américains, autrement dit, le gendarme de la Bourse. À son arrivée en avril 2021, le Bitcoin a subi une chute de 50 % en trois mois. Une coïncidence ? Pas vraiment. Gensler n’a jamais caché son hostilité envers le secteur des cryptomonnaies, allant jusqu’à déclarer : « Je n’ai jamais vu un secteur aussi peu respectueux de la loi. »
Une victoire pour les cryptophiles
Sa démission a été accueillie comme une victoire par les adeptes des cryptos. La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre : le Bitcoin a bondi de 3 %, flirtant avec la barre symbolique des 100.000 dollars. Mais pourquoi Gensler quitte-t-il ses fonctions alors que son mandat court jusqu’en 2026 ? La réponse tient en deux mots : Donald Trump.
L’ex-président américain, désormais réélu, avait promis d’en finir avec Gensler. Dans ses discours de campagne, Trump avait clairement annoncé qu’il le limogerait dès son retour à la Maison Blanche en janvier 2025. Plutôt que de subir une humiliation publique, Gensler a préféré tirer sa révérence.
Un revirement stratégique
Ironie du sort, Trump lui-même n’a pas toujours été un défenseur des cryptomonnaies. Il les qualifiait autrefois d’« arnaque contre le dollar ». Mais durant sa campagne, son discours a changé du tout au tout. Aujourd’hui, il est l’un des plus fervents avocats des cryptos. Résultat : entre son élection, le 5 novembre dernier, et aujourd’hui, la valeur du Bitcoin a doublé, passant d’environ 70.000 à près de 100.000 dollars.
Un banquier confiait récemment : « Quand le Bitcoin plonge, ses amateurs se font discrets. Mais dès qu’il remonte, ils ne parlent plus que de ça. » Et force est de constater qu’actuellement, le Bitcoin a le vent en poupe.
Les affaires en coulisses
Trump ne se contente pas de soutenir les cryptos par discours. Ses fils, Eric et Donald Jr, ont lancé une start-up dédiée au secteur. Quant à Trump lui-même, sa société Trump Media est en pourparlers pour racheter un courtier en cryptomonnaie. Une chose est claire : le 45e président des États-Unis voit un intérêt financier direct à la montée en puissance des cryptos.
Et ce n’est pas tout : Trump prévoit de déréglementer le secteur en assouplissant les règles qui encadrent les cryptomonnaies. Une perspective qui inquiète certains observateurs, notamment le magazine britannique The Economist. Celui-ci s’interroge sur un éventuel retour des « barons voleurs », ces industriels qui, à la fin du XIXe siècle, ont amassé des fortunes colossales en exploitant les failles du système économique.
La confusion des genres
L’éditorial de The Economist va plus loin, dénonçant le risque que Trump confonde la gestion du pays avec celle de ses affaires personnelles. En nommant des proches à des postes-clés, il ouvre la voie à un enrichissement spectaculaire de son entourage, et ce, en toute transparence.
Les cryptomonnaies pourraient bien être le nouvel eldorado des investisseurs audacieux, mais à quel prix ? Une chose est sûre : avec Trump aux commandes, le paysage financier mondial s’apprête à connaître des bouleversements majeurs. Reste à savoir si cette révolution profitera à tous ou seulement à une poignée de privilégiés.
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