Amid Faljaoui

Le travail serait-il devenu « vintage » pour la génération Z ?

La volonté de travailler pour la jeune génération semble cassée, meurtrie. Le travail serait devenu en quelque sorte « vintage ».

Il y a des personnes plus douées que d’autres pour sentir ou bien cerner l’air du temps. L’air du temps aujourd’hui, du moins, quand vous êtes en contact quotidien avec les entreprises, c’est une forme de désaffection ou de désintérêt à l’égard du travail. Qu’elle soit juste, fausse ou mal interprétée, c’est l’impression qui ressort souvent des discussions que vous pouvez aussi avoir avec les dirigeants d’entreprise en Belgique. La volonté de travailler pour la jeune génération semble cassée, meurtrie, le travail serait devenu en quelque sorte « vintage »pour reprendre une jolie formule.

C’est ce qu’explique l’économiste français Pascal Perri qui sévit aussi sur la chaîne d’information LCI. Son dernier livre, intitulé de manière provocatrice « génération farniente », essaie de comprendre pourquoi la plus jeune génération semble avoir perdu le goût du travail.

En Belgique, on a ce sentiment très fort, développé dans le secteur Horeca. Mais bon, là il y a encore une explication assez simple : le COVID a montré aux personnes concernées les difficultés du métier liées aux horaires coupés. Mais cette désaffection semble aussi être présente dans d’autres métiers dont les horaires sont pourtant normaux. Pour l’économiste, Pascal Perri, cette désaffection, ou ce moindre goût pour le travail, est un danger, car il rappelle à juste titre que le travail est le seul capital de ceux qui n’en ont pas.

Cela, c’est à titre individuel, mais sur le plan collectif, ce désamour à l’égard du travail met aussi en danger notre modèle social qui est financé sur la quantité et la qualité du travail.

Cette interrogation sur le désamour à l’égard du travail arrive au moment où on l’entend beaucoup sur le terrain : pas mal d’entreprises déchantent à l’égard du télétravail (la déception semble à la hauteur des attentes). D’ailleurs, et c’est un comble, même une société comme ZOOM a demandé à ses employés de revenir au bureau. Mais la plupart des employeurs, qui déchantent à l’égard du télétravail, sont désarmés, car ils font face à une pénurie de talents et pour la jeune génération – encore elle – le télétravail, ce n’est pas ou plus négociable. D’ailleurs, les statistiques d’un réseau social comme LinkedIn le montrent : plus d’un tiers des offres d’emploi sont des emplois hybrides, incluant donc d’office le télétravail.

En fait, les DRH et les patrons de TPE et de PME sont en plein désarroi. Ils ont tous compris que l’entreprise directive ou autoritaire de « papa » n’a plus de sens aujourd’hui, mais ils ont aussi parfois l’impression (pour reprendre une autre jolie expression) que nous sommes passés de l’entreprise autoritaire à l’entreprise Montessori,  selon Le Figaro. En clair, l’entreprise où chacun agit à sa guise, où les salariés feraient ce qu’ils veulent partout et n’importe quel moment. Bref, travailler dans une entreprise où la liberté serait totale et où il n’y aurait plus de limite.

Vu de l’extérieur, ce débat est assez passionnant, car, depuis le COVID, toutes les discussions avec les dirigeants d’entreprise montrent qu’il y a bien un avant et après COVID. Trois ans après, personne n’a encore trouvé le bon équilibre entre les exigences d’une génération, qualifiée peut-être trop rapidement de « génération farniente », et  les exigences des entreprises. Mais l’après-COVID a au moins un point positif : il force les uns à écouter les autres . Et l’écoute, c’est déjà la première forme de l’intérêt pour l’autre, et cela, c’est déjà pas mal !

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