Le conflit du Proche-Orient inquiète tout le monde, sauf la Bourse
Les Bourses mondiales sont à nouveau très nerveuses. Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, la plupart des indices piquent du nez en cette fin de semaine.
Ce n’est pas nécessairement le conflit au Proche-Orient qui en est la cause, du moins tant que ce conflit reste localisé et qu’il n’y a pas de contagion à d’autres acteurs comme l’Iran et l’Arabie Saoudite. Mais c’est vrai que ce conflit ajoute de l’incertitude au brouillard qui sévit actuellement en Bourse. Et la Bourse, comme vous le savez, est une grande trouillarde et elle n’aime pas le manque de visibilité. Or, justement, entre un risque toujours possible d’un embrasement au Proche-Orient, des résultats d’entreprises cotées qui ne sont pas au top, et puis des taux d’intérêt qui sont toujours orientés à la hausse, c’est un cocktail de nouvelles absolument imbuvable pour la Bourse.
Quand je vous disais que la Bourse est une grande trouillarde, elle l’a encore montré lorsque la société LVMH a publié ses résultats trimestriels. Le géant du luxe affiche de bons chiffres et reste le roi du luxe au niveau mondial, mais voilà, ses ventes ralentissent et hop, il n’en faut pas plus pour que la Bourse sanctionne la plus grosse société cotée d’Europe. Même chose pour Tesla. Il y a quelque temps encore, Tesla était le chouchou de la Bourse et l’action Tesla valait plus que les 10 plus grands constructeurs mondiaux. Aujourd’hui, le vent a tourné, et comme il y a une guerre des prix sur les voitures électriques, la Bourse s’inquiète d’une baisse des marges de Tesla et hop, à nouveau, l’action Tesla a été sanctionnée pas plus tard que cette semaine.
Pour corser le tout, il y a la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis qui contamine le reste de la planète et surtout la planète bourse. Le marché obligataire a retrouvé des couleurs et aujourd’hui, il est possible de gagner 6% sans trop de risque en achetant des obligations de qualité. Donc, forcément, les investisseurs boursiers font la fine bouche envers les actions ? Ce n’est pas qu’ils n’en veulent plus, c’est simplement qu’aujourd’hui, il y a une alternative aux actions, et donc, ces mêmes investisseurs se montrent plus sélectifs sur les actions.
Et donc, ce qu’il faut retenir de cette modeste chronique économique, c’est que la Bourse est plus sensible à la hausse des taux d’intérêt qu’à ce que se passe au Moyen-Orient. C’est étonnant, mais il y a une explication à ce désintérêt. En fait, les investisseurs boursiers n’aiment pas les incertitudes géopolitiques, mais ils ont aussi leur propre livre d’histoire, et ils ont constaté que ce soit pour le Brexit, que ce soit pour le COVID, que ce soit pour l’élection de Trump ou que ce soit pour l’invasion de l’Ukraine, à chaque fois les investisseurs ont paniqué et à chaque fois ils ont été pris de court par les indices boursiers qui, eux, ont rebondi. Autrement dit, les investisseurs qui avaient vendu des actions par peur ont dû payer beaucoup plus cher ce qu’ils avaient vendu à la casse.
Les investisseurs ont donc appris à ne plus paniquer lorsqu’un événement géopolitique survient, ils ont appris à attendre, et il n’y a qu’à regarder le conflit en Ukraine, il a fini pas être amorti sur la durée. Pour les uns, c’est du cynisme et pour les autres, la triste réalité de la vie.
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