Bruno Colmant

Le 20 janvier 2025, à midi, le monde pourrait basculer…

Bruno Colmant Economiste. Professeur à la Vlerick School, l’ULB et l'UCL.

La probabilité d’une élection de Donald Trump augmente de jour en jour. Si sa victoire se confirme, il prêtera serment le lundi 20 janvier 2025, à midi, heure de Washington.

Ensuite, dans les jours suivants, il y aura une série de décrets présidentiels, méticuleusement préparés et conçus depuis quatre ans par d’éminents juristes républicains. Donald Trump les signera avec fierté.

Le monde se réveillera alors dans une réalité différente.

Tout sera transformé, et l’Europe n’est absolument pas prête pour cela.

Rapidement, les États-Unis cesseront leur soutien financier et militaire à l’Ukraine, laissant les Européens sans autre choix que de conclure une paix mal signée avec la Russie. Les va-t-en-guerre d’hier, confortablement assis dans leur fauteuil ou ridiculisés en gilets pare-balles, seront les Munichois de demain. Ils auront été grotesques deux fois.

Un risque financier systémique deviendra plus clair, non pas à cause de la présidence de Donald Trump, mais en raison de la dette publique américaine que le président de la Réserve fédérale a qualifiée d’insoutenable, alors qu’elle représente déjà un tiers du PIB mondial pour un pays qui ne compte que pour 4 % de la population mondiale. Cela soulèvera des questions sur la solvabilité des États-Unis et sur le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve. Donald Trump pourrait très bien orchestrer un défaut sur la dette extérieure des États-Unis et imposer une dévaluation du dollar, comme Richard Nixon l’a fait en 1971, plongeant le monde occidental dans des turbulences de dévaluations, d’inflations et de récessions.

Ensuite, il y aura l’expulsion massive de travailleurs clandestins, 12 millions selon Donald Trump, avec des conséquences humanitaires indescriptibles. Des murs s’érigeront. Les défis climatiques et environnementaux seront immédiatement écartés, nous rapprochant des dernières échéances systémiques.

La présidence de Donald Trump ne sera ni chaotique ni imprévisible. Elle sera méticuleuse et ivre d’un culte de la personnalité.

Elle sera isolationniste et d’inspiration mussolinienne.

Elle mènera à une catastrophe, car le système économique américain, fondé sur l’écrasement des faibles, est d’une brutalité incompréhensible pour nous. Et les Américains, déjà au bord d’une crise nerveuse sociétale, projettent cette violence (qu’ils ont infligée aux Amérindiens et aux Afro-Américains) dans des guerres lointaines.

Mais comme Donald Trump souhaite se désengager des conflits militaires, cette violence sociétale sera réinternalisée et ne pourra être contenue que par un renforcement policier et militaire, destiné peut-être à endiguer des sécessions de certains États, dont on doit se rappeler qu’ils ne sont qu’ ”unis”.

Et on réalisera, en Europe, notre impréparation coupable dans tous les domaines, et le manque de vision, d’intuition et de perspicacité der nos dirigeants. Et comme l’Europe risque de subir un choc écologique, militaire et récessionnaire important, voire très grave, un populisme dégagiste s’embrasera. 

Les révolutions sont rares, mais le 20 janvier 2025 pourrait être une date à retenir comme celle d’un basculement vers quelque chose de nouveau.

Bien sûr, ma vision est pessimiste et dystopique, et j’espère me tromper, mais l’Histoire a plus de ruses que les hommes.

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