Amid Faljaoui

L’Arizona, révolution ou simple retouche cosmétique?

Tony Robbins, le célèbre coach américain, le martèle : « Des temps faciles créent des hommes faibles. Les hommes faibles créent des temps difficiles. Les temps difficiles créent des hommes forts. »

Bonne nouvelle, la Belgique est en pleine tempête ! Un déficit budgétaire abyssal, une crise énergétique qui nous a fait redécouvrir les pulls en laine et un marché du travail où flexijobs et allocations s’affrontent sans régler le fond du problème. Bref, le contexte idéal pour voir émerger des dirigeants en acier trempé.

Mais après sept mois de négociations laborieuses, le gouvernement Arizona marque-t-il un tournant historique ou n’est-il qu’un nouvel épisode du surréalisme belge ? Si les économistes Bruno Colmant et Étienne de Callataÿ affichent un scepticisme appuyé, les organisations patronales adoptent, elles, un optimisme prudent, reconnaissant des avancées tout en soulignant des occasions manquées.

Réformes : du mouvement, mais sans grand saut

Bruno Colmant et Étienne de Callataÿ ont disséqué l’accord pour L’Écho. Leur constat est clair : malgré les promesses de transformation, l’Arizona accouche d’un simple catalogue d’aménagements.

Sur la fiscalité, Colmant est catégorique : « La véritable réforme fiscale et de la Sécurité sociale n’a pas eu lieu. » La Belgique continue de surtaxer le travail sans s’attaquer au cœur du problème. De Callataÿ dénonce également « un régime fiscal absurde où les travailleurs à revenus intermédiaires sont les plus pénalisés ».

Et côté emploi ? L’extension des flexijobs devait simplifier le marché, mais ajoute surtout de la complexité. « On prétend fluidifier le travail, mais on empile encore des statuts… Ce n’est pas une réforme, c’est du rafistolage ! » ironise de Callataÿ.

Du côté des employeurs, le ton est plus mesuré. Si la Feb et Agoria saluent une meilleure flexibilité, elles regrettent un manque d’ambition face au défi des compétences. Il ne suffit pas d’élargir les flexijobs, encore faut-il aligner les talents sur les besoins du marché.

Taxer plus, pour gagner moins ?

L’accord prévoit une taxation accrue des actifs financiers, mais son efficacité laisse perplexe. Colmant met en garde : « Taxer la cession des entreprises non cotées va provoquer un immense mouvement de donations pour éviter l’impôt. » Autrement dit, l’État risque de voir ses recettes fondre plutôt que d’engranger de nouvelles ressources.

Les organisations patronales, elles, sont plus nuancées. Elles reconnaissent la nécessité d’un équilibre fiscal, mais s’inquiètent du frein potentiel à l’investissement et à la transmission des entreprises.

Leadership ou gestion molle ?

Ce gouvernement incarne-t-il la génération des hommes forts de Tony Robbins ou se contente-t-il de gérer le compromis belge habituel ?

Étienne de Callataÿ s’interroge : « Ne risque-t-on pas de nourrir les extrêmes en présentant cet accord comme un tournant, alors qu’il apporte si peu de changements ? » Une déclaration surprenante, surtout face aux propos de Bart De Wever. Le leader nationaliste flamand affirme en effet que si l’accord marque une simple évolution pour la Flandre, il constitue une véritable révolution pour la Wallonie et Bruxelles.

Alors, transformation profonde ou simple coup de peinture ? Réponse dans les prochains mois. En attendant… sortez le popcorn !

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