Typhanie Afschrift
L’Amérique du progrès
On en entend beaucoup, aujourd’hui, qui ricanent face aux immenses incendies de Los Angeles, arguant soit du réchauffement climatique, soit de l’insuffisance des services publics américains. Des incendies comme ceux qui causent un drame pour des milliers de familles américaines, Los Angeles en connaît, hélas, tous les ans, certaines années un peu plus qu’à présent, d’autres un peu moins. Cela ne permet pas de dire, ni que celui-ci a été aggravé par le réchauffement climatique, ni qu’il ne l’a pas été.
En revanche, il est effectivement en apparence surprenant que la première puissance du monde ne soit pas capable d’éteindre un incendie aux abords d’une ville importante, pendant plusieurs jours. Et effectivement, l’on remarque, sur le terrain, que beaucoup de bouches d’incendie ne sont pas correctement connectées à l’eau, et que les infrastructures dans ce domaine sont très insuffisantes. C’est toutefois à tort qu’on en tirerait argument pour soutenir que l’État américain ne dispose pas de moyens suffisants. C’est là l’argument que les services publics de partout invoquent toujours lorsqu’ils se révèlent inefficaces. Mais ici, l’État fédéral américain n’a tout simplement aucune compétence, ni pour prévenir, ni pour combattre les incendies en Californie.
Cela relève de la compétence de l’État californien, qui est sans doute aux États-Unis l’un des deux ou trois États les plus taxateurs, et les plus hyper-réglementés. Tant dans le domaine de la réglementation que de la fiscalité, c’est l’un de ceux qui fonctionnent le plus “à l’européenne” : beaucoup de recettes, beaucoup de pouvoir pour l’État, et aussi beaucoup de dépenses. Mais comme on le voit, et comme en Europe, des dépenses mal ciblées, qui ne s’attaquent pas aux vrais problèmes. Et aussi, des entreprises californiennes et des travailleurs qui quittent cet État super-imposé pour aller ailleurs, par exemple dans les États républicains de Floride et du Texas (le soleil sans autant de taxes…).
Ce qu’il faut combattre, c’est la pauvreté, et non les inégalités, qui résultent des différences entre les individus.
La vérité des États-Unis, dont on parle fort peu en Europe, c’est pourtant qu’il s’agit d’un pays qui, sur le plan économique, connaît un progrès spectaculaire si on le compare aux médiocres économies européennes. Le produit intérieur brut par habitant, c’est-à-dire – en gros – ce que produit et ce que perçoit un Américain moyen au cours de l’année, correspond au double de ce que réalise un habitant de l’Union européenne. Quant au chômage, qui est aujourd’hui d’à peine plus de 4% aux États-Unis, c’est la moitié du chômage moyen en Europe.
Tout cela n’est pas un effet “Trump”. Ce progrès a été réalisé au cours des 20 dernières années, qui ont connu l’alternance entre démocrates et républicains, et même un peu plus souvent des démocrates (Clinton, Obama, Biden) que des républicains. Ce n’est même pas une politique “pro business” qui a donné de tels résultats. On peut évidemment préférer se plaindre du “capitalisme anglo-saxon” qui créerait des inégalités. N’est-ce pas se tromper de problème ? Ce qu’il faut combattre, c’est la pauvreté, et non les inégalités, qui résultent des différences entre les individus. Il est normal qu’il y ait des personnes plus riches que d’autres, et même que ces différences soient parfois importantes, parce que les individus sont, eux aussi, très différents, et que ce qu’ils font varie fort de l’un à l’autre. Il faut tout de même admettre que lorsque l’on crée plus de richesses, on a plus de moyens – publics ou privés – pour lutter contrer la pauvreté. Sinon, il reste toujours la solution du Venezuela : l’égalité dans la misère.
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