Amid Faljaoui
La transition énergétique de l’Europe entravée par l’offensive chinoise
La visite du président chinois en Europe ne passe pas inaperçue. Derrière les sourires, les protocoles et les accolades officielles, se déroule en réalité un véritable bras de fer entre la Chine, l’Europe et les États-Unis, ainsi que d’autres pays tels que le Brésil, le Mexique ou l’Afrique du Sud.
Tous ces pays, sans exception, expriment actuellement leur mécontentement envers la Chine. La raison en est simple : la Chine inonde ces marchés, notamment l’Europe, avec des produits vendus à perte. Cette offensive chinoise risque ainsi de décimer des pans entiers de l’industrie européenne.
Après la pandémie, nos dirigeants européens nous exhortaient à réindustrialiser l’Europe, notamment avec les technologies vertes et du futur. Pourtant, la réalité est bien différente : la Chine fabrique et vend ses produits verts dans le monde entier. Fondamentalement, la Chine effectue le travail que nous, Européens, devrions accomplir. La situation est exacerbée par les difficultés économiques internes de la Chine depuis la sortie de la pandémie. Avec une croissance interne insuffisante et une population méfiante qui préfère épargner plutôt que consommer, les usines chinoises sont contraintes de miser sur l’exportation pour éviter les stocks d’invendus.
La stratégie des industriels chinois consiste à exporter leur surcapacité en Europe, en vendant à prix cassés des produits tels que des voitures électriques, des panneaux solaires ou des batteries. Cette politique d’exportation entraîne une forme de déflation en Europe. Bien que la presse chinoise applaudit ces exportations, soulignant qu’elles permettent à l’Europe de mener à bien sa transition énergétique sans compromettre le pouvoir d’achat des ménages, la réalité est que nos industriels européens ne peuvent rivaliser avec le dumping chinois.
Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont exprimé au président chinois la nécessité d’arrêter cette inondation de produits vendus en dessous de leur prix de revient, sous peine de mesures de rétorsion de la part de l’Europe. Cependant, de tels avertissements semblent peu ébranler le président chinois. En effet, les divisions internes au sein de l’Europe sont exploitées par la Chine, qui sait que les intérêts économiques des différents pays membres ne convergent pas toujours.
Par exemple, lors de la visite du chancelier allemand en Chine quelques semaines auparavant, l’Allemagne cherchait avant tout à protéger les parts de marché de ses industriels. Cette approche individualiste de la première économie européenne permet à la Chine d’exercer une pression plus efficace sur l’ensemble de l’Union européenne. De plus, les actions incohérentes de l’Europe, telles que l’accueil favorable réservé aux constructeurs chinois de voitures électriques malgré les avertissements des industriels européens, fragilisent sa position dans les négociations avec la Chine.
En définitive, il reste à voir si l’Europe passera des mots aux actes. Pour l’instant, malgré les discours musclés et les enquêtes en cours, l’Europe semble hésiter à prendre des mesures concrètes. Pendant ce temps, l’usine du monde continue de défier l’Europe, bénéficiant d’une impunité presque totale. Et vous, quel est votre point de vue sur la question ?
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici