La France, vers un scénario à la grecque ?
Alors que le Bitcoin franchit pour la première fois la barre symbolique des 100 000 dollars, la scène politique française est secouée par un événement majeur : la chute du gouvernement dirigé par Michel Barnier.
Une alliance improbable entre l’extrême droite, l’extrême gauche, les écologistes et les socialistes a permis de renverser le gouvernement Barnier, marquant ainsi une période de chaos politique intense pour la France. Peut-on même dire que le pays avait quitté cet état ces derniers mois ? Une question qui reste ouverte.
Cette instabilité française n’est pas sans conséquence pour la Belgique, dont l’économie est étroitement liée à celle de son voisin. En tant que deuxième client et troisième fournisseur de la Belgique, la France joue un rôle stratégique. De plus, la Belgique est le sixième investisseur étranger en France, avec 2 480 filiales françaises actives sur son territoire. Impossible donc de rester indifférent à cette situation.
Un discours alarmiste mais nuancé
Selon les déclarations du Premier ministre sortant, de son ministre du Budget et de sa porte-parole, la France pourrait entrer dans une « tempête », une « crise économique », ou pire, un « scénario à la grecque ». Ces prédictions reflètent souvent l’amertume d’un gouvernement déchu, mais elles doivent être analysées avec prudence. Comparer la France à la Grèce n’a que peu de sens d’un point de vue économique.
D’une part, la France reste la deuxième économie de la zone euro. Parier sur son effondrement reviendrait à provoquer une crise de grande ampleur pour l’ensemble de l’Europe. D’autre part, la situation actuelle n’est pas comparable à celle de la Grèce lors de la crise de la dette souveraine. À l’époque, aucun mécanisme n’avait été prévu pour gérer un tel choc, et il fallut attendre les fameuses paroles de Mario Draghi, alors président de la Banque centrale européenne – « je ferai tout ce qu’il faudra » – pour rassurer les marchés. Aujourd’hui, des instruments financiers existent pour soutenir la dette publique française si nécessaire.
Une dette française stratégique et irremplaçable
Il est également peu probable que les investisseurs tournent le dos à la dette publique française. Celle-ci est massive et très liquide, deux qualités prisées par les marchés financiers. Les alternatives sont limitées : la dette allemande offre des rendements très faibles, la dette américaine présente un risque de change avec le dollar, et la dette espagnole reste trop modeste pour rivaliser avec celle de la France.
Un risque pour les services publics
Cependant, le chaos politique engendré par la chute du gouvernement pourrait avoir des conséquences économiques concrètes. Les investisseurs pourraient exiger des taux d’intérêt plus élevés pour continuer à financer la dette publique française. Si le coût de cette dette augmente, cela se traduirait par une diminution des ressources disponibles pour des secteurs clés tels que la santé, l’éducation, la justice ou encore la transition écologique.
Ironiquement, ce sont les classes populaires, que l’extrême droite et l’extrême gauche prétendent défendre, qui risquent de souffrir le plus de cette instabilité. En renversant le gouvernement Barnier, ces forces politiques, pourtant opposées sur le fond, pourraient avoir infligé un sérieux revers à ceux qu’elles disent protéger. Comme quoi, les petits chiens de berger peuvent parfois se prendre pour des molosses.
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