Amid Faljaoui

La désinformation, premier risque mondial selon le Forum de Davos

Quels sont les dangers de l’économie en 2024 ? C’est la question que se posent pas mal de dirigeants en ce moment ?

Les dirigeants du Forum économique mondial de Davos, qui va démarrer ses travaux la semaine prochaine, ont eu l’idée de poser la question aux chefs d’entreprises pour savoir ce qui les empêchait de dormir en 2024 ?

Vous allez me dire que c’est le dérèglement du climat ? Faux.
Que c’est la hauteur des taux d’intérêt ? Faux.
Que c’est l’inflation qui reste trop forte ? Faux.
Que ce sont les conflits armés qui se multiplient sur notre petit globe ? Faux.

Non, ce qui inquiète les dirigeants des grandes entreprises mondiales, c’est la désinformation. C’est d’ailleurs la première fois que ce risque est cité par ces grands patrons et ce problème de la désinformation s’est hissé à la première place dès la première année. Pourquoi cette peur de la désinformation, un sujet à priori assez éloigné des préoccupations quotidiennes des chefs d’entreprise ? Mais parce que pour la première fois dans l’histoire plus de la moitié de l’humanité va voter en 2024. Les uns pour des élections nationales, d’autres pour des élections régionales et d’autres, plus locales. Mais au final, au cours de cette année, on va voter dans plus de 70 pays.

Et alors me direz-vous, c’est une bonne nouvelle, non ? Après tout, le vote fait partie de la démocratie ? Oui et non, ce n’est pas à nos auditeurs que je dois rappeler qu’une partie de ces élections sont bidon, truquées ou manipulées. Or, justement que ce soit aux Etats-Unis, avec le retour potentiel de Donald Trump ou en Europe, avec un éventuel Tsunami de partis d’extrême droite, la désinformation risque de jouer un rôle très important. D’autant plus que l’intelligence artificielle permet aujourd’hui de manipuler la voix ou les images de sorte que plus personne ne sait ce qui est vrai ou faux. On l’a encore vu cette semaine via le réseau social X, le nouveau nom de l’ancien Twitter. Un faux message du gendarme financier de la Bourse américaine a été posté sur les réseaux sociaux et ça a fait bondir le Bitcoin.

Ce genre de manipulation, il y en aura de plus en plus. Et le danger premier, c’est que les citoyens ne sauront plus qui croire et donc n’auront plus confiance dans ce qu’ils lisent. Et puis, on l’a vu avec Trump, on l’a vu avec le Brexit, on le voit aussi aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine et au Proche-Orient, mais aussi avec les partis d’extrême droite, la désinformation polarise la société. La désinformation fracture encore plus des sociétés déjà fracturées politiquement et socialement.

Le fait que la désinformation arrive au premier rang des inquiétudes des chefs d’entreprises – en tout cas au niveau mondial – est un signal en soi. Les entreprises ne sont pas des iles isolées du reste de la société. Si les citoyens sont désinformés, des décisions erronées seront prises par des politiques sans foi ni loi. On l’a vu avec le Brexit – qui a eu des conséquences économiques et sociales calamiteuses. Les sondages récents montrent que les Britanniques en sont conscients maintenant, mais aucun homme ou femme politique n’ose proposer de retourner en arrière. Quel gâchis, quelle perte de temps colossale.

Et quelle responsabilité aussi pour les médias sérieux qui eux doivent devenir des labels de qualité et de crédibilité. Car après tout, la meilleure protection contre les fake news fabriquées par l’IA, c’est le citoyen éclairé.

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