Amid Faljaoui
La corruption à l’américaine est-elle un modèle exportable ?
Être nuancé, aujourd’hui, c’est presque un acte de résistance. Comme disait Nietzsche : « Malheur à moi, je suis nuance. » Mais dans une ère dominée par les réseaux antisociaux, où les positions tranchées remplacent la réflexion, défendre la subtilité relève de l’exploit.
force est de constater que, comme beaucoup, je suis impressionné par le dynamisme de l’économie américaine, ce moteur global qui semble encore tenir la route quand les autres patinent.
Les États-Unis continuent de briller par leur capacité d’innovation, notamment dans l’intelligence artificielle. Et oui, même si l’on n’adhère pas aux idées de Donald Trump, on ne peut qu’être frappé par son culot : il se comporte déjà comme président alors que son investiture officielle n’aura lieu que le 20 janvier prochain. Mais, comme dirait ma consœur Bertille Bayart du Figaro (oui, un journal de droite, ça arrive), derrière ce tableau flatteur se cache une réalité bien plus corrosive.
La corruption à l’américaine : un modèle exportable ?
Bertille Bayart met en lumière une vérité troublante : aux États-Unis, ce que l’on appelle « lobbying » ressemble furieusement à ce qu’ailleurs on qualifierait de « corruption ». Le système électoral américain permet aux entreprises de financer les campagnes sans limite de montant. Résultat ? Les secteurs en quête de déréglementation paradent à Mar-a-Lago, résidence dorée de Donald Trump, pour remercier le président élu d’avoir placé leurs champions à des postes clés.
Un patron français, cité par Bertille Bayard, résume la situation avec un pragmatisme glaçant : « Ce que, aux États-Unis, on appelle lobbying, s’appellerait ici corruption. » Et il a raison. À titre d’exemple, un ticket pour assister à l’investiture de Trump coûte un million de dollars. Un pourboire pour des mastodontes comme Mark Zuckerberg ou Jeff Bezos. Mais cette proximité politique-entreprise nourrit un constat amer : les États-Unis ne sont peut-être plus une démocratie, mais une ploutocratie, un gouvernement par et pour le 1 %.
Bitcoin : le casse du siècle version Trump
Et voici venir le clou du spectacle. Selon Bertille Bayart, Donald Trump serait aussi à l’origine d’un véritable casse économique grâce… au Bitcoin. Sa campagne a été financée à hauteur de 135 millions de dollars par des partisans des cryptomonnaies, et depuis son élection, le Bitcoin flambe, dépassant la barre symbolique des 100.000 dollars. Coïncidence ? Certainement pas. Trump a nommé des pro-crypto à des postes stratégiques et suggéré que l’État fédéral pourrait constituer une réserve stratégique de Bitcoins, comme il le fait avec le pétrole.
Une telle annonce, dans un marché où la quantité de Bitcoin est limitée, ne pouvait qu’entraîner une hausse vertigineuse de sa valeur. Résultat : les investisseurs en cryptomonnaies s’enrichissent, et ce, parfois aux dépens du contribuable américain. Certains d’entre eux vivent peut-être en Belgique ou en France, lisent Trends Tendances, et trinquent à cette envolée miraculeuse. Trump, lui, a réussi à faire du contribuable un partenaire involontaire de son coup de poker.
Un goût amer de nuance Alors, faut-il saluer le génie ou dénoncer la manipulation ? L’Amérique de Trump nous rappelle que l’innovation et le dynamisme économique peuvent coexister avec une dose massive de cynisme. La nuance, toujours la nuance. Et vous, vous en pensez quoi ?
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