Amid Faljaoui

La Bourse aime les obèses : ils sont devenus une valeur refuge comme l’or ou le franc suisse

Les investisseurs pensent que l’obésité sera un Eldorado et notamment grâce au coupe-faim star le WEGOVY utilisé par des stars comme Kim Kardashian ou Elon Musk.

La Bourse aime en ce moment le franc suisse. C’est normal, c’est une valeur refuge pour ces temps troublés. La Bourse aime l’or, c’est normal, le métal jaune a de tout temps été une valeur refuge durant les périodes troublées. La Bourse aime à nouveau les obligations d’Etat, c’est normal, la dette des Etats sûrs comme l’Allemagne ou les Etats-Unis ont toujours été une valeur refuge classique en période de crise.

En revanche, la Bourse aime aussi les obèses, et ça, c’est franchement nouveau. En plus, la Bourse aime tellement les obèses qu’elle a fait d’une société cotée danoise – Novo Norsdik – la première valeur boursière devant le géant du luxe mondial LVMH. La raison ? Les investisseurs pensent que l’obésité sera un Eldorado et notamment grâce au coupe-faim star le WEGOVY utilisé par des stars comme Kim Kardashian ou Elon Musk. C’est une déclinaison coupe-faim de son antidiabétique vedette OZEMPIC. Bien entendu, vous vous en doutez, des réseaux sociaux ont vanté les effets perte de poids de ces médicaments antidiabétiques.

D’ailleurs, la frontière entre coupe-faim et antidiabétique n’est plus comprise par le grand public. Malgré le prix élevé du WEGOVY – plus de 12.000 euros, il y a aujourd’hui une pénurie de ces médicaments. Le comble, c’est que ce sont les diabétiques qui hélas en font les frais. Comment est-ce possible ? Simple, comme toujours, à cause des ordonnances de complaisance. Même l’ancien premier ministre britannique, Boris Johnson, recyclé dans le journalisme, s’est fendu d’un article sur ces coupe-faim qu’il a utilisé en oubliant de dire comment il se l’est procuré vu qu’il n’est pas diabétique ! Mais en attendant, les investisseurs à Wall Street salivent sur ce marché évalué à plus de 77 milliards par la banque Morgan Stanley. Pour la Bourse, vu le nombre d’obèses dans le monde, c’est un Eldorado qui s’ouvre pour les labos pharmaceutiques. Enfin presque, car pour que cet Eldorado ne se transforme pas en mirage, il faudrait que ces coupe-faim dérivés des médicaments pour diabétiques soient remboursés par la sécurité sociale vu leur prix très élevé. Or, aux Etats-Unis, par exemple, les assureurs privés ne se bousculent pas pour rembourser ses médicaments. C’est normal, car il y a en effet 40% des Américains considérés comme obèses et ça couterait une fortune à ces assureurs, car ces traitements sont des traitements à vie, leur arrêt fait en effet reprendre tout le poids perdu.

Malgré ces bémols, la Bourse de New York y croit et une multinationale comme Nestlé sent déjà le danger arriver. La crainte de Nestlé, c’est que si ces coupe-faims devaient avoir du succès, les consommateurs qui les prennent risquent de délaisser leurs produits alimentaires habituels. C’est la raison pour laquelle Nestlé a annoncé ce weekend que ses équipes travaillent sur des compléments alimentaires adaptés pour que la perte de poids subsiste dans le temps. C’est une manière de rassurer les investisseurs et de les inciter à ne pas bouder l’action Nestlé alors que celle-ci a reculé de 5% en partie à cause des craintes de pertes de clients sous traitement contre l’obésité. Vous voyez, c’est aussi ça le capitalisme. Il nous séduit à coup de publicité pour acheter des crasses, et si nous devenons obèses, il nous vend d’autres produits pour lutter contre ce qu’il a en partie créé lui-même. C’est de l’économie circulaire, mais sans l’éthique.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content