Amid Faljaoui

Goldman Sachs et la météo des marchés 

Le patron de Goldman Sachs, David Solomon, vient d’annoncer que les marchés boursiers allaient baisser… “d’ici un an ou deux”.

Oui, vous avez bien entendu : d’ici un an ou deux.

Autrement dit, à peu près comme si je vous disais qu’il fera froid cet hiver. C’est le genre de prévision qu’on ne peut pas rater. Si la Bourse chute demain, il aura eu raison. Si elle chute dans deux ans, il aura eu raison aussi. Et si elle ne chute pas du tout ? Eh bien, il expliquera que la prudence a porté ses fruits.

Ce genre d’annonce n’est pas une prophétie, c’est un parapluie médiatique. C’est une façon élégante de dire : “quand la pluie tombera, je ne serai pas mouillé.”

Alors bien sûr, David Solomon a des arguments. Il dit que les marchés ont grimpé trop vite à cause de la fièvre autour de l’intelligence artificielle, que tout cela finira par se corriger. C’est vrai : l’Histoire financière est faite de bulles et de dégonflements. Mais la question n’est pas de savoir si ça baissera — tout le monde le sait — c’est quand, combien, et où. Et là, silence radio.

Et il n’est pas seul à manier la prudence prophétique. Sam Altman, le patron d’OpenAI, parle lui aussi d’une bulle. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, dit la même chose. Tous ont adopté la même stratégie : prévenir sans freiner, alerter sans agir.

Un peu comme des pompiers qui diraient : “attention au feu”… tout en vendant des bidons d’essence. En réalité, ces grands patrons savent ce qu’ils font.

Ils continuent de profiter de la vague tout en préparant leur phrase de sortie. Quand la bulle éclatera, ils pourront dire : “Nous, on l’avait bien dit.”

C’est de la communication préventive, pas de l’analyse économique. Mais le problème, c’est que ce discours ne sert à rien pour les investisseurs.

Il ne donne aucun repère, aucune donnée, aucun conseil exploitable. Pareil discours rassure les uns et fait peur aux autres, mais surtout il ne change rien à la situation.

Et pendant ce temps, la bulle continue de gonfler, portée par la même histoire : l’IA va tout changer.

Et c’est là tout le paradoxe : ces grands patrons qui se font passer pour des “sages”, en annonçant la tempête à venir, renforcent sans le vouloir la croyance dans le beau temps actuel.

Leur prudence devient le carburant de la bulle. La raison ? Parce que, si la catastrophe n’est pas pour tout de suite, alors… on peut encore jouer un peu, non ?

Alors oui, bien sûr, les marchés baisseront un jour.

Mais la vraie question n’est pas là. La vraie question, c’est : qui sera encore debout après la correction ? Réponse : Ceux qui auront fait de l’IA un outil productif, pas une bulle marketing.

Au final, en Bourse, il y a deux types de prophètes : ceux qui annoncent l’orage et rentrent se mettre à l’abri, et puis, ceux qui continuent de vendre des parapluies tant que le ciel est encore bleu.

David Solomon, lui, a choisi son camp.

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