Amid Faljaoui

Fentanyl : l’alibi de Trump pour taxer le monde

Avec le Fentanyl, le président Trump a trouvé un prétexte en or pour une guerre commerciale. Je vous explique.

Le 4 décembre dernier, au Mexique, une saisie record de fentanyl. L’objectif ? Montrer patte blanche à Donald Trump et tenter de calmer ses ardeurs protectionnistes. En quelques mois, le Mexique annonce avoir intercepté 20 millions de doses de cette drogue de synthèse ultra-puissante. Le Canada, lui aussi, serre la vis sur le trafic. Et pourtant… malgré ces efforts, Trump n’hésite pas : 25 % de taxes en plus sur les importations mexicaines et canadiennes, 10 % sur celles venues de Chine. Officiellement, c’est pour lutter contre la crise des opioïdes qui ravage l’Amérique. Officieusement, c’est un levier de plus pour mener sa guerre commerciale.

Derrière la croisade sanitaire, l’ancien président dégaine la vieille recette des Républicains : faire de la lutte contre la drogue une arme politique et économique. Le discours est rodé : le Mexique, la Chine et même le Canada sont coupables de laisser entrer cette drogue meurtrière aux États-Unis. Et pour justifier les hausses de droits de douane, la Maison-Blanche n’y va pas de main morte :

En clair : si la drogue tue en Amérique, c’est la faute des autres. Et plutôt que d’attaquer le problème à la racine, Trump transforme cette crise en arme économique.

Le fentanyl : une catastrophe… et un business mortel

Impossible de nier la réalité du fléau. Deux tiers des overdoses aux États-Unis sont liées aux opioïdes de synthèse. Le fentanyl, 50 fois plus puissant que l’héroïne, 100 fois plus que la morphine, fait des ravages. Et l’Amérique en paie le prix fort : 1000 milliards de dollars par an.

Le rôle de la Chine ? Bien réel. Pékin fournit les précurseurs chimiques, ces substances de base qui permettent de fabriquer le fentanyl. Le Mexique et le Canada, eux, sont les plaques tournantes de sa production et de son exportation vers les États-Unis. Résultat : des villes comme San Francisco ou Philadelphie sont méconnaissables. Dans certains quartiers, c’est l’apocalypse à ciel ouvert. À Kensington, un des ghettos de la drogue à Philadelphie, les consommateurs titubent, le regard vide, en plein jour. La police ne peut que contenir la situation, impuissante face à un marché qui explose.

Ce fléau ne touche plus seulement les grandes métropoles : il ravage aussi l’Amérique rurale, celle qui vote Trump. En Virginie-Occidentale, État parmi les plus pauvres du pays, les overdoses sont devenues le quotidien. Les hôpitaux débordent. Les forces de l’ordre sont à bout. Et dans ce chaos, Trump trouve un terrain politique idéal : il accuse ses adversaires de faiblesse et promet de frapper fort.

Un opportunisme électoral XXL

Mais Trump joue-t-il vraiment les sauveurs ? Difficile d’y croire. Le pic de cette crise a eu lieu sous son premier mandat… et il n’a rien fait. Pire : ses menaces de couper les aides aux États les plus touchés n’ont fait qu’aggraver la situation. En 2022, sous Biden, les décès liés aux opioïdes ont baissé pour la première fois depuis 2018. 3 % de moins. Une goutte d’eau ? Peut-être. Mais au moins, une tendance qui s’inverse.

Trump, lui, préfère jouer la carte du chaos. En transformant un drame sanitaire en argument de guerre commerciale, il tient un discours qui parle à sa base électorale :

  • Les taxes sur le Mexique ? C’est pour punir les cartels.
  • Celles sur la Chine ? C’est pour freiner l’entrée des produits chimiques.
  • Celles sur le Canada ? Parce qu’il laisse transiter la marchandise.

Mais la vérité, c’est que ces taxes frappent d’abord les entreprises et les consommateurs américains. Pendant que Trump fait monter la pression, ce sont les prix qui explosent, les PME qui trinquent… et le fentanyl qui continue d’inonder les rues.

Quand la guerre commerciale cache l’inaction

Au-delà du drame humain, cette crise coûte aussi une fortune aux États-Unis. Des quartiers entiers se vident, les commerces ferment, la valeur immobilière s’effondre. Qui va acheter un bien dans un quartier devenu un champ de zombies ?

Trump, lui, préfère pointer du doigt l’ennemi extérieur. Pas un mot sur la responsabilité des laboratoires pharmaceutiques américains, pourtant à l’origine de la crise des opioïdes avec leur marketing agressif.

Mais voilà : accuser l’étranger, ça fait vendre. Trump a trouvé l’ennemi parfait : le Mexique, la Chine et même le Canada. Peu importe si les taxes ne résolvent rien. Ce qui compte, c’est le récit.

Et dans ce récit, Trump veut être le shérif qui nettoie l’Amérique… même si, en réalité, il se contente de taxer à tout-va sans stopper la crise. Une guerre commerciale sous couvert de guerre contre la drogue ? La ficelle est grosse. Mais ça marche.

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