Rudy Aernoudt

En Chine, le passage de la voiture fossile à la voiture électrique rapporte de l’argent

La percée de la voiture électrique est plus lente que prévu eb Europe. En Chine, 50 % des habitants roulent déjà à l’électricité, alors qu’en Europe, nous atteindrions cet objectif d’ici 20 ans.

Cette différence s’explique à la fois par la stratégie politique et la stratégie commerciale.

L’Europe et ses subventions

L’Europe tente de persuader les conducteurs de véhicules fossiles de passer à l’électricité, en partie grâce à des subventions. La Belgique est en tête pour le nombre de voitures électriques grâce à des déductions fiscales pour les voitures de société.

L’inconvénient de ces instruments est qu’ils ont un effet d’extinction. Lorsque les subventions ont été supprimées en Allemagne, les automobilistes allemands ont tourné le dos aux voitures électriques. En outre, les mesures fiscales et les subventions coûtent de l’argent collecté auprès des contribuables. L’automobiliste qui utilise des combustibles fossiles subventionne en fait l’automobiliste qui utilise des voitures électriques.

La Chine et sa plaque d’immatriculation verte

En Chine, en revanche, le passage de la voiture fossile à la voiture électrique rapporte de l’argent. En effet, toute personne qui achète une voiture fonctionnant à l’énergie fossile doit disposer d’une plaque d’immatriculation spéciale. L’attribution d’une telle plaque se fait sur la base de prix mensuels. Il faut donc faire une offre au gouvernement et le quota mensuel de plaques d’immatriculation est attribué au plus offrant. En général, il faut attendre jusqu’à un an pour obtenir sa plaque d’immatriculation et le prix peut aller jusqu’à 10 000 euros. En revanche, ceux qui achètent une voiture électrique obtiennent immédiatement et gratuitement la plaque d’immatriculation correspondante. Pour que la distinction soit claire, les voitures électriques reçoivent une plaque d’immatriculation verte, les voitures fossiles une bleue. Une telle approche accélère manifestement la transition sans coûter d’argent aux contribuables. Au contraire, elle fait entrer de l’argent dans les caisses de ceux qui s’accrochent obstinément aux combustibles fossiles.

Stratégie commerciale

La Chine assure 32 % de la production automobile mondiale, soit plus que l’Amérique, l’Europe et le Japon réunis. Les constructeurs automobiles chinois ont pris le virage de la conduite électrique depuis des années. Aujourd’hui, plus de 100 marques sont présentes sur le marché chinois, avec des prix débutant à 10 000 euros. Mais les voitures fossiles sont aussi beaucoup moins chères qu’en Europe. Une BMW ou une Mercedes fabriquée en Chine coûte deux fois moins cher que la même voiture fabriquée en Europe. Cela suggère que les producteurs européens se reposent un peu sur leurs lauriers et préfèrent ne pas concurrencer les voitures fabriquées en Chine. Les droits de douane peuvent protéger temporairement les producteurs européens, mais ils sont négatifs à long terme, car ils n’encouragent pas les entreprises européennes à innover. En outre, ils ne permettent pas aux consommateurs de bénéficier de prix plus bas. Enfin, même avec des droits de douane américains de 100 %, BYD – « construisez vos rêves » – reste la voiture la moins chère sur le marché américain.

Des entreprises rentables

Nous pourrions penser que les voitures chinoises sont subventionnées et donc déficitaires. Mais l’Europe subventionne également. En fait, nous ne savons pas grand-chose des subventions chinoises. Mais les entreprises que l’on imagine déficitaires ne le sont pas. Prenons Volvo, qui fait partie du groupe chinois Geely. Geely, une société privée, a acquis Volvo il y a 15 ans. L’entreprise, qui possède une grande usine à Gand, produisait alors 330 000 voitures par an et enregistrait une perte de 450 millions d’euros. En 2023, Volvo, qui s’est engagé à produire des voitures électriques, a produit et vendu 700 000 unités et réalisé un bénéfice de 1,8 milliard d’euros. Pour être complet, le groupe Geely table sur 3 millions de voitures en 2024, dont environ 50 % seront électriques. Elles sont innovantes. Au lieu de charger la batterie, on l’échange en 60 secondes.

C’est peut-être grâce au rachat de Volvo par Geely – qui signifie littéralement « bonne chance » – qu’il y a encore un constructeur automobile rentable en Flandre. Le constat est un peu amer.

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