Amid Faljaoui
Elections US : les Etats n’ont pas d’amis, juste des intérêts
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas en Bourse. Avant que Joe Biden ne soit poussé à se retirer de la course présidentielle par le clan Obama et Clinton, les sondages montraient que la Bourse de New York avait clairement misé sur Donald Trump. Le débat calamiteux entre Trump et Biden et dans lequel l’ancien candidat démocrate tenait des propos décousus et semblait mentalement perdu avait permis à Trump de marquer des points auprès de l’opinion publique américaine. Et si on rajoute à cela l’attentat manqué contre Trump, le candidat républicain semblait être le favori incontesté pour l’élection de novembre prochain. D’autant que comme les Américains sont très croyants, cet attentat manqué donnait à Trump une aura de « protégé ou candidat de Dieu ».
Mais voilà, avec l’arrivée de Kamala Harris, la donne a totalement changé. D’ailleurs, la Bourse ne s’y est pas trompée. Avant l’arrivée de Kamala Harris dans la course présidentielle, les investisseurs pariaient sur la hausse de certaines valeurs susceptibles de profiter d’une arrivée de Trump à la Maison Blanche. Les amateurs de Bourse appellent ça les « Trump trades » ; autrement dit, si Trump arrive à se faire réélire, des secteurs comme celui de la défense et de la sécurité, de l’industrie, des énergies fossiles ou le secteur financier sont en première ligne pour profiter du retour de Trump.
Mais comme je vous l’ai dit en début de cette chronique, les choses ont bougé. Maintenant, on parle moins des « Trump Trades » et davantage des « Kamala Trades » ; en clair, des secteurs qui profiteraient de l’arrivée de Kamala Harris à la Maison Blanche . Et là, on évoque plutôt le secteur des énergies renouvelables et des valeurs technologiques.
La différence porte aussi sur l’évolution des taux d’intérêt. Avec Kamala Harris, les marchés financiers font le pari d’une baisse des taux d’intérêt, alors qu’avec Donald Trump, le pari est exactement l’inverse. Comme Trump veut imposer de nouveaux droits de douane et qu’il va sans doute relancer la guerre commerciale avec la Chine et l’Europe, tout ça va se traduire par une hausse des prix des produits importés, donc de l’inflation. Et si l’inflation reprend du poil de la bête, ça voudrait dire que les taux d’intérêt ne baisseront pas, voire même qu’ils risquent d’être en hausse.
Mais pour nous autres Européens, il ne faut pas se bercer d’illusions. Les Démocrates sont plus fréquentables que Trump mais uniquement sur le papier. Car il suffit de regarder la présidence de Biden pour remarquer que derrière son côté plus policé, plus fréquentable en apparence, Joe Biden avait mis en place une politique économique négative pour l’Europe, et notamment son plan IRA qui a siphonné une partie des usines d’Europe en attirant nos fleurons industriels à coups de subvention et de prix de l’énergie plus faible qu’en Europe. L’Europe en résumé ne doit s’attendre à aucune faveur en provenance des Etats-Unis. Comme le disait le général De Gaule, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Et ce n’est pas une insulte à l’air du temps que de rappeler ce genre de vérité.
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