Élections communales : dette publique et promesses politiques en question

Listes électorales en Flandre, image d'illustration. (Photo by ANTWERP/BELGA MAG/AFP via Getty Images)
Amid Faljaoui

Les élections en Belgique et en France auront bientôt un goût amer pour les électeurs. En Wallonie, l’électeur a voté à droite dans l’espoir d’un changement radical et immédiat, mais il va découvrir que la dette publique wallonne, mais aussi fédérale, ne laissera pas de place pour des cadeaux fiscaux.

En France, c’est la droite qui succède à une autre droite tout aussi maladroite en matière de gestion publique, puisqu’il est désormais avéré qu’Emmanuel Macron et son ministre des Finances, Bruno Le Maire, ont signé des chèques en blanc. Michel Barnier est aujourd’hui obligé d’imposer un plan d’austérité.

Mais c’est là où j’en viens au débat sur la dette publique. Si vous parlez avec un syndicaliste ou un économiste partisan de l’endettement, il vous dira que l’erreur que commettent les gens, c’est de comparer le budget d’un État avec celui d’un ménage. En effet, les partisans de la rigueur budgétaire, comme les Allemands par exemple, disent que l’État, la région ou la commune devraient se comporter comme un ménage et donc avoir un budget en équilibre.

Oui, sauf qu’un ménage n’est pas éternel, alors que l’État n’a pas de durée de vie déterminée. Ces syndicalistes et économistes nous disent donc que la dette publique n’a pas d’importance, car elle « roule », sous-entendu qu’on ne la remboursera jamais. Et pour peu que les taux d’intérêt ne soient pas trop élevés, s’endetter n’est pas un drame pour un État, car il n’est pas mortel comme un ménage.

Ce raisonnement est court, comme l’a fait remarquer à mes confrères des Echos l’économiste Étienne Wasmer, professeur à la New York University. Il écrit que si la comparaison avec un ménage ne tient pas la route, que diriez-vous alors si l’État était une ASBL (association sans but lucratif) ? Il ajoute : seriez-vous d’accord que cette ASBL gère un budget qui n’a jamais été à l’équilibre pendant des dizaines d’années ? Seriez-vous d’accord que cette ASBL augmente sans cesse ses cotisations parce que ses prévisions de revenus ne sont jamais exactes ?

Seriez-vous d’accord pour que cette ASBL impose l’adhésion obligatoire à toute personne qui passe à proximité sous prétexte que son modèle économique s’effondrerait si on pouvait choisir librement son ASBL ? Seriez-vous d’accord que cette ASBL donne des subventions pour calmer les membres qui menacent de saccager les locaux ? Seriez-vous d’accord que cette ASBL emprunte sans cesse pour éviter la faillite ? Seriez-vous d’accord que la direction de cette ASBL promette chaque année de réduire son déficit l’année suivante, mais, comme une personne droguée, ne tienne jamais sa promesse ?

Bref, vous l’avez compris, une ASBL pareille ne tiendrait jamais la route, et ses adhérents finiraient rapidement par demander sa dissolution ou, à défaut, exigeraient qu’une autorité de tutelle prenne la direction de cette ASBL pour la redresser. Mais voilà, ce qui est valable dans cet exemple fictif pris par l’économiste français n’existe pas en réalité.

Pour résumer, c’est quoi une dette publique ? C’est la somme de tous les déficits accumulés au fil du temps. Et c’est quoi un déficit ? Une lâcheté annuelle. Bref, une année où, au lieu d’être fourmis, nous avons été cigales. Ainsi, la dette publique n’est que la somme de nos lâchetés anciennes.

Nous devrons donc tous passer à la caisse, puisque, comme vous le savez, les deux seules choses certaines dans la vie sont la mort et les impôts. Mais nos politiques ont simplement oublié de nous le dire pendant ces élections. Normal, il faut flatter la vache avant de la traire.

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