Dubaï et Miami: un immobilier bien portant, mais condamné ?

Le bouquet final de la saison européenne sera tiré à Dubaï. © Getty Images
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Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Quel impact le climat aura-t-il sur l’immobilier au sud de l’Espagne, au Portugal, à Marrakech. Aujourd’hui cela va plutôt bien, mais demain ou après-demain ?

Le métier de journaliste ou de chroniqueur c’est de commenter l’éphémère, l’air du temps. Si cela ne manque pas d’intérêt, son regard se porte bien souvent sur des événements dont l’impact est, malgré le tapage médiatique, anecdotique. Et il en va de même pour les hommes politiques.

Non pas qu’ils ne s’intéressent pas aux tendances à long terme. Seulement, le samedi ou dimanche matin, lorsqu’ils se promènent sur les marchés matinaux, ils ne peuvent pas serrer les mains des générations futures. Et donc, pour être réélus, ils se focalisent sur le court terme.

Les deux n’abordent donc que rarement des mouvements et des questions de fond. Des questions du genre pourrons-nous vivre en Belgique ou en France avec une température à+ 4° ? C’est le scénario certes extrême du GIEC, mais la question reste bonne. On sait qu’à ce niveau de température, des villes comme Venise ou Alexandrie vont disparaître. Et que nous, à Bruxelles ou à Paris, vivrons sous le climat de Séville. Un tel réchauffement permet-il de vivre économiquement ?  Pour la Belgique, la France, le nord de l’Europe, la réponse est oui. J’ai été à Séville, et c’est une ville dynamique. Il y a une vie culturelle, une vie économique, des usines. Nous pourrions même cultiver des légumes et des fruits du sud. Mais qu’en est-il des pays du sud, ceux qui seront frappés de plein fouet par la canicule ?  Resteront-ils sagement chez eux ? Ou, légitimement, ne déménageront-ils pas vers le nord pour fuir des contrées devenues invivables ?

Quel impact cela aura-t-il sur l’immobilier au sud de l’Espagne, au Portugal, à Marrakech. Aujourd’hui cela va plutôt bien, mais demain ou après-demain ? Je ne comprends d’ailleurs pas l’engouement pour l’immobilier à Dubai. Entre le mois de mai et fin octobre, c’est la fournaise la plus complète. On y tourne autour des 50 degrés. Pourtant malgré cela et les prévisions du Giec, les biens immobiliers à Dubaï se vendent comme des petits pains. marché qui pourtant a déjà connu plusieurs crises sévères, mais qui a encore été reboosté par l’arrivée de Russes très riches mais aussi d’Ukrainiens. Ce succès est d’autant plus surprenant que l’offre de logement ne cesse de croitre dans cette ville au milieu du désert. Et que cet espace urbain sans contraintes urbanistiques – et donc avec une offre potentielle pléthorique – tire les prix au mètre carré vers le bas. Ce qui n’empêche pas les résidents locaux de se montrer positifs. Ils évoquent ainsi de nouvelles techniques mises au point par les Chinois qui permettent de manipuler les nuages pour amener la pluie. Auparavant, cette sorte de chamanisme technologique était aussi appelé la politique de l’autruche.

Mais cette question ne se pose pas seulement pour Dubaï. On pourrait aussi tout à fait la poser pour Miami. C’est tout autant une région à risques sur le plan climatologique et pourtant la ville de Miami n’a jamais été aussi dynamique. Les prix de l’immobilier flambent et les restaurants branchés fleurissent à chaque coin de rue. Les meilleurs éléments New Yorkais ont quitté en nombre leur ville au profit de Miami, attiré par un gouverneur local qui sait comment les convaincre. À en croire que les oligarques russes à Dubaï ou les financiers New Yorkais à Miami l’anonymat sur l’origine des fonds pour les premiers et les avantages fiscaux pour les seconds ont un attrait immédiat. Qu’importe le long terme. Pour ces personnes fortunées « le climat attendra ». Un raisonnement qui a de quoi surprendre.

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