Amid Faljaoui
Divorce et vassalisation discrète de la Russie
Pour remplir ses caisses, Poutine rend le divorce plus cher et pousse à faire des enfants. Histoire d’oublier que les sanctions rendent la Russie toujours plus dépendante de la Chine ?
À force d’évoquer les dangers d’une arrivée du RN en France, on en oublierait presque que nous sommes toujours en guerre contre la Russie. Les Russes, eux, ne l’oublient pas. En témoignent des initiatives telles qu’une proposition de loi visant à rendre le divorce plus difficile en Russie. Face aux caisses vides de Moscou, toutes les solutions sont bonnes pour les remplir. Ainsi, le ministre des Finances propose de multiplier par huit les frais de divorce. Un apport financier qui n’est pas négligeable: en 2023, 683 000 demandes de divorces ont été enregistrées en Russie.
Vladimir Poutine cherche aussi à résoudre la pénurie de main-d’œuvre en stimulant la démographie. Il a exhorté les femmes russes à avoir sept à huit enfants, comme leurs grands-mères. Un vœu pieux, car le désir d’enfants est lié à la confiance en l’avenir. Or, depuis quelques mois, la Russie ressent plus intensément les sanctions occidentales.
Surtout depuis décembre dernier, quand les États-Unis ont frappé un grand coup. Suite à un décret, toute banque étrangère soutenant l’effort de guerre en Russie se voit interdire l’accès au système financier américain. Cette mesure oblige les banques du monde entier à choisir entre l’économie américaine et le commerce avec la Russie. L’effet est redoutable, même pour les paiements en monnaies autres que le dollar. En conséquence, des pays amis de la Russie comme la Chine et la Turquie, ou neutres comme Dubaï, ont vu la plupart de leurs banques cesser de financer le commerce avec Moscou.
Est-ce que cela veut dire que Moscou ne pourra plus recevoir d’argent de l’étranger et que la fin de la guerre est proche ? Pas encore. Moscou n’a donc pas encore dit son dernier mot.
Des pays comme la Chine contournent en effet les sanctions en utilisant une myriades d’intermédiaires et les cryptomonnaies. Poutine attend également avec impatience un éventuel retour de Trump à la Maison Blanche. Ce dernier a promis d’arrêter la guerre avec la Russie dès son retour au pouvoir. Enfin, la montée des partis d’extrême droite en Europe, souvent proches de Moscou, est aussi de nature à rassurer le Kremlin.
Sa dépendance envers la Chine tempère néanmoins son enthousiasme. Poutine n’est pas aveugle. Il voit bien qu’en deux ans de guerre, la part des entreprises chinoises sur le marché russe est passée de 50 à 90 %. Les Américains espéraient affaiblir la Russie avant d’affronter la Chine ? Ils ont surtout réussi à vassaliser la Russie à la Chine.
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