L'oeil d'Amid Faljaoui

DeepSeek : le séisme qui a (un peu) secoué Wall Street 

Un vent de panique, une tempête boursière… et puis, finalement, pas grand-chose ?

Le 27 janvier dernier, le Nasdaq a chuté de 3,07 %, emporté par la tornade DeepSeek. Ce modèle d’IA chinois, aussi performant que ceux d’OpenAI ou de Meta mais fonctionnant avec des puces moins sophistiquées, a soudainement mis en question la domination de Nvidia et ses marges astronomiques. Résultat : un effondrement de 17 % pour l’action du géant des semi-conducteurs en une seule séance ! Pourtant, une semaine plus tard, le marché a déjà repris ses esprits.

Alors, DeepSeek a-t-il vraiment rebattu les cartes de la Tech ou s’agit-il d’un simple ajustement temporaire ? Plongée dans les coulisses de ce coup de chaud boursier.

Nvidia : victime d’une illusion d’optique ?

La dégringolade de Nvidia a été brutale : -17 % en un jour, -15,8 % sur la semaine, un vrai coup de massue pour le champion de l’IA. Et pour cause : si DeepSeek réussit à produire des modèles performants sans recourir aux précieuses puces de Nvidia, alors le marché pourrait revoir ses perspectives de croissance. Une menace existentielle ? Pas si vite.

Car comme l’a rappellé Satya Nadella, PDG de Microsoft, dans un tweet piquant, tout cela n’est peut-être qu’un paradoxe de Jevons en action. En clair : plus une technologie devient accessible, plus sa consommation explose. Autrement dit, si l’IA devient moins chère grâce à DeepSeek, elle ne va pas moins utiliser de puces… au contraire, elle en consommera davantage.

Ajoutons à cela une information révélée à Davos par Alexandr Wang, patron de Scale AI : DeepSeek ne serait pas si indépendant qu’il en a l’air. En coulisses, il disposerait de 50.000 GPU H100 de Nvidia, pourtant interdits à l’export vers la Chine, pour un coût estimé à 1,5 milliard de dollars. Autrement dit, Nvidia reste au cœur du jeu, et la panique initiale pourrait bien s’avérer exagérée.

Les autres Magnifiques : résilience et surprises

Pendant que Nvidia jouait aux montagnes russes, les autres géants de la Tech ont vécu des fortunes diverses. Les cours suivant en attestant (en date du mardi 04.02.25) au moment de rédiger cet article.

  • Meta s’est offert une belle semaine, avec un gain de 6,69 %. Le marché a salué ses résultats impressionnants : un chiffre d’affaires de 164 milliards de dollars et des profits en hausse de 59 %. Mieux encore, le jour du krach, l’action avait gagné 1,9 %.
  • Apple a également bien résisté, progressant de 6 % sur la semaine. Son approche prudente de l’IA, privilégiant les partenariats plutôt que les dépenses colossales en infrastructures, semble séduire les investisseurs.
  • Microsoft, en revanche, a déçu. L’action a reculé de 5 % sur la semaine, plombée par des résultats en demi-teinte et un problème logistique majeur : faute de data centers suffisants, le géant peine à répondre à la demande croissante en IA.
  • Tesla, enfin, a profité des annonces (toujours tonitruantes) d’Elon Musk. Il promet des voitures totalement autonomes dès juin à Austin, et des robots humanoïdes Optimus dès cette année. Les investisseurs y croient encore, et l’action a légèrement progressé.

Le mythe de l’effondrement de la Tech US

Alors, DeepSeek a-t-il ébranlé la suprématie des géants américains ? Pas vraiment. Comme le souligne Virginie Robert, présidente de Constance Associés à nos confrères des Echos, ces entreprises ne se résument pas à leur technologie : elles ont construit des écosystèmes tentaculaires, s’appuyant sur un atout clé : la donnée de qualité.

En clair, même si de nouveaux acteurs comme DeepSeek émergent, il est extrêmement difficile de détrôner ces mastodontes. Pour l’instant, ils restent en tête de la course. Nvidia a pris un coup, mais le marché a déjà tourné la page. L’exceptionnalisme de la Tech américaine a encore de beaux jours devant lui.

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