Amid Faljaoui
Dalida, la Chine et les 40 voleurs occidentaux
Ces derniers mois, nos élites nous disent et répètent à l’envi que la Chine triche. Sans aucun doute. Mais elle n’est pas la seule à jouer serré.
Depuis vingt ans, les accusations pleuvent. Transferts de technologie imposés. Espionnage industriel. Subventions massives. Manipulation de sa monnaie. Dumping sur l’acier, les batteries, les panneaux solaires… C’est vrai, ce n’est pas un commerce de Bisounours.
Mais ce qu’on oublie de dire dans ce récit commode, c’est que la plupart des cartes ont été jouées de notre plein gré. Ce sont nos entreprises qui ont accepté de partager leur technologie pour accéder au marché chinois. Ce sont nos élites économiques qui ont validé l’idée que produire ailleurs était plus malin que produire ici.
Ce sont nos décideurs qui ont signé l’entrée de la Chine dans l’OMC, avec la bénédiction des lobbies et des multinationales. Et la Chine, elle, a juste… appliqué sa stratégie.
Elle n’a pas promis de jouer selon nos règles. Elle a proposé un échange : “Vous vendez chez nous ? Alors vous nous apprenez à fabriquer.” Et on a dit oui. Encore et encore. Pas à cause d’un pistolet sur la tempe. Pour les marges. Pour le volume. Pour les bonus. Pendant que nos usines fermaient, que nos formations techniques disparaissaient, que nos bassins d’emploi se vidaient, la Chine, elle, construisait. Des rails à grande vitesse. Des villes nouvelles. Des clusters industriels. Des gigafactories. Et, surtout, une vision. Nous, on a surtout construit des… bulles. Immobilières. Financières. Spéculatives. Et parfois médiatiques.
On a bradé des savoir-faire pour 0,2 point de rentabilité. On a traité nos ouvriers comme un coût, nos ingénieurs comme une charge, nos industries comme une relique. Et aujourd’hui, on s’étonne ? On s’indigne ? On accuse ? Il y a des déséquilibres, oui. Mais il y a surtout une vérité brutale : La Chine a joué pour elle. Nous, nous avons joué contre nous. Elle a investi. Nous avons distribué. Elle a protégé ses secteurs clés. Nous avons laissé les nôtres se vider. Elle a planifié sur 30 ans. Nous avons visé le trimestre boursier. Et maintenant, on brandit les mots “souveraineté”, “réindustrialisation”, “relance”. Tant mieux. Il n’est jamais trop tard. Mais il serait utile d’admettre une chose : La Chine n’a pas triché. Elle a profité d’un terrain laissé libre.
Le vrai abandon est venu de chez nous. Alors, plutôt que de chercher des coupables… Commençons par relire nos propres rapports annuels. Et tout le reste comme le chantait Dalida, ce sont “encore des mots, toujours des mots, rien que des mots.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici