Amid Faljaoui
Crises géopolitiques, économiques et climatiques : Combien de temps cela va durer ?
En cette période troublée, il y a des livres qui tombent à pic. C’est le cas du livre rédigé par le journaliste économique François Lenglet et dont le titre dit tout, en quelque sorte : «combien de temps cela va durer ?»
Sous-entendu, combien de temps vont durer ces crises géopolitiques, économiques et climatiques. La réponse de François Lenglet à mes confrères du Figaro qui ont pu lire ce livre en primeur, c’est que ce changement de monde, cette transition globale en quelque sorte aura pour unité de temps, la génération, c.-à-d. vingt ans. Et il ajoute que si les transitions sont aussi longues, c’est « parce qu’il faut du temps pour qu’une génération supplante celle qui se trouve incapable de résoudre la crise qu’elle a causée ».
François Lenglet précise même que « c’est le principal avantage d’une guerre, c’est qu’elle déclenche le renouvellement forcé des élites, et donc du logiciel collectif. En temps de paix, le processus est plus long, il est rythmé par la démographie et le vieillissement des individus ». Dans ce livre, Lenglet remarque aussi que la suprématie de l’Occident, c.-à-d. en réalité des Américains, est terminée, et que l’Occident est renvoyé à ses frontières naturelles. Autrement dit, c’est la fin de la dilatation de l’Occident sur le plan de sa sphère d’influence géographique. Il suffit de penser au conflit en Ukraine pour s’en rendre compte : deux tiers de l’humanité s’y désintéresse et certains pays ont même pris parti pour la Russie. On est loin de la guerre en Irak lorsque les Etats-Unis avaient obtenu un mandat planétaire pour punir Saddam Hussein.
Lenglet parle évidemment beaucoup d’économie dans son livre, mais il évoque aussi le changement de génération et de cycle idéologique qui frappe l’Occident. Il nous rappelle que « la génération des baby-boomers avait promu la liberté comme valeur fondamentale, ce qui a coïncidé avec les phases libérales sur le plan politique et économique. Mais aujourd’hui, la jeune génération est moins individualiste que la précédente. Pour elle, la liberté personnelle n’est pas la valeur fondamentale ». « Elle récuse les valeurs de la génération des baby-boomers, car elle en mesure chaque jour les dégâts ». A nouveau, selon François Lenglet, cette recherche de la liberté absolue par l’ancienne génération a fini par corroder les autorités : celles du professeur, de l’élu politique, du policier, des experts et autres scientifiques. Cette corrosion a bien entendu été amplifiée par les réseaux sociaux et cela nous laisse dans un désarroi profond.
Le fait politique majeur aujourd’hui, c’est la demande d’autorité, le besoin de protection qui s’est donc substitué au désir de liberté. C’est ce phénomène qui explique l’essor des partis politiques populistes. Les partis classiques, notamment libéraux, n’ont pas compris ce changement de mentalité, car ils restent encore dominés par l’idéologie libérale des baby-boomers. Et comme ils se refusent à répondre à cette demande d’autorité en matière de justice, d’immigration, d’économie, d’éducation, ces mêmes partis classiques finissent par abandonner ce discours aux partis populistes.
Enfin, je termine en disant que l’autre raison de lire ce livre, c’est que son auteur a une vision positive de l’arrivée de l’intelligence artificielle dans nos vies. Pour lui, notre avenir ne sera pas apocalyptique comme certains le prévoient avec des humains devenus inutiles et gouvernés par des machines. Rien que pour cela, il faut acheter ce livre.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici