Amid Faljaoui
Cela fait 20 ans qu’on nous annonce la fin du monde. En vain, heureusement !
Et si aujourd’hui, on se donnait un coup de boost collectif ? Vous savez, sortir de l’actualité immédiate, et souvent anxiogène, pour prendre un peu de recul sur des nouvelles parfois si ce n’est souvent moroses.
Le faire n’est pas refuser de voir la réalité, c’est juste prendre de la hauteur et se dire qu’au fond le pire n’est pas toujours certain, comme l’indiquait en sous-titre de son livre « Le soulier de satin » ce cher Paul Claudel. Cette pièce de théâtre n’est quasiment jamais jouée, car sa mise en scène nécessiterait une durée de 11 heures (et moi, je n’ai que quelques minutes pour prouver que le pire n’est pas toujours certain). Vous êtes prêts, ok, on y va !
Souvenez-vous quand la bulle internet a explosé en 2000. À l’époque déjà, les cassandres nous annonçaient la fin du monde occidental. Résultat : nous avons tous survécu à cette crise. Au-delà des faillites, qui ont fait la UNE des médias, on oublie que les survivants de cette crise s’appellent par exemple Amazon.
En 2001, un an après donc, quelques terroristes à l’imagination débridée se sont mis dans l’idée de détourner des avions de ligne et de les encastrer dans les deux plus hautes tours de Manhattan. Exploit réussi et effroi mondial réussi. Là encore, l’émoi et la guerre qui en ont suivi nous prédisaient un affrontement féroce entre les forces du bien et celles du mal. Et devinez quoi, nous avons survécu à cette horrible période, même si effectivement des victimes innocentes ont payé le prix fort de cet horrible épisode de notre histoire contemporaine.
Faisons un saut de puce en 2008. Nouvelle crise, provoquée par des financiers véreux américains, dénommée crise du « subprime », mot savant pour dire que des financiers américains sans scrupules ont vendu des prêts hypothécaires à des citoyens américains insolvables et ont titrisé ces prêts hypothécaires. Titriser, autre mot savant, veut dire qu’on a habillé ces prêts hypothécaires en valeurs mobilières et qu’on les a refourguées aux financiers du monde entier, qui par l’odeur alléchés des rendements n’ont pas été trop regardants. Et hop, la crise financière qui devait rester localisée aux États-Unis s’est répandue dans le monde entier. Enfin presque, l’Italie, étonnement n’a pas été trop prise dans cette crise, car comme l’a avoué le ministre italien des Finances de l’époque au Financial Times, ce qui a sauvé les banquiers italiens, c’est qu’ils parlent très mal l’anglais et comme ils n’ont rien compris à ce qu’on leur disait, ils n’ont pas acheté de produit financier subprime. Et vous savez quoi, nous avons tous survécu à cette crise des subprimes.
Ensuite, on passe de 2008 à 2020, je passe bien entendu les petites crises intermédiaires, et là, c’est le COVID, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, et c’est magnifique, on fait passer la vie avant l’économie et donc on accepte de passer en mode récession de manière volontaire pour sauver des vies. Bien sûr, c’était pénible, très dur, mais nous sommes collectivement encore, là malgré les discours de fin du monde des uns et des autres.
Puis, pas de bol, alors qu’on croyait avoir un répit, la guerre en Ukraine s’invite chez nous. Elle dure encore, mais l’Europe et les États-Unis innovent en sanctionnant durement sur le plan financier la Russie. Nous souffrons dans notre pouvoir d’achat, mais ce prix à payer est faible face au prix du sang que paient nos amis ukrainiens. Là encore, la 3e guerre mondiale rapidement annoncée par certains n’a pas eu lieu. Et nous sommes encore là.
Pas plus tard que ce lundi, une rencontre au plus haut niveau a eu lieu entre le président chinois et le secrétaire d’État américain Anthony Blinken. C’est une première en 5 ans : les deux super puissances se parlent à nouveau. Et vous savez pourquoi ? Parce que ces deux super puissances ont besoin d’une trêve. La croissance économique chinoise patine et ne redémarre pas comme il faut après 3 ans de COVID, la Chine souffre des sanctions américaines. Quant aux Américains, ils restent eux aussi encore dépendants de l’atelier du monde, notamment pour les puces électroniques. Oui, Taiwan reste un sujet épineux, mais les deux pays achètent du temps. Tant mieux pour nous. Le découplage aura lieu, mais pas maintenant. On a sans doute dix ans de rabiot, selon les experts. C’est toujours cela de pris. Je vous ai égrené cette liste de crises, non pas pour vous dire que tout va bien, que personne n’a souffert entre temps, mais plus simplement pour vous dire qu’en 20 ans, des experts bienveillants nous annoncé, à chaque fois, la fin du monde et nous sommes encore là. Merci qui ? Mais à nous, à vous, à notre résilience collective. L’Homo Sapiens n’est pas prêt encore de disparaître de la carte.
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